En Italie, une campagne marquée par l’instrumentalisation d’une agression sexuelle

Right-wing party Brothers of Italy's leader Giorgia Meloni addresses a rally as she starts her political campaign ahead of Sept. 25 general elections, in Ancona, Italy, Tuesday, Aug. 23, 2022. (AP Photo/Domenico Stinellis)
Domenico Stinellis / AP Right-wing party Brothers of Italy's leader Giorgia Meloni addresses a rally as she starts her political campaign ahead of Sept. 25 general elections, in Ancona, Italy, Tuesday, Aug. 23, 2022. (AP Photo/Domenico Stinellis)

Domenico Stinellis / AP

Giorgia Meloni, candidate du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, ici le 23 août 2022, sous le feu des critiques après avoir partagé une vidéo d’une femme se faisant violer en pleine rue.

ITALIE - Alors que les élections générales italiennes auront lieu dans tout juste un mois, le 25 septembre, la tension est montée d’un cran ces derniers jours. En cause, l’instrumentalisation par Giorgia Meloni, candidate du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, d’une vidéo montrant une femme violée en pleine rue.

La polémique a débuté dimanche 21 août. Giorgia Meloni, favorite des sondages pour devenir Première ministre, a posté la vidéo d’une Ukrainienne de 55 ans agressée sexuellement par un demandeur d’asile de 27 ans à Plaisance, en Émilie-Romagne dans le nord de l’Italie. Les faits se seraient déroulés le matin même et auraient été filmés depuis un appartement surplombant la rue, précise l’agence de presse Reuters. Le quotidien italien Il Giornale ajoute qu’un habitant, alerté par les cris, aurait appelé la police. Le suspect a été arrêté et placé en détention.

« On ne peut pas rester silencieux en voyant ces images horribles de violences sexuelles », a commenté Giorgia Meloni en partageant les images. Et d’exploiter l’un de ses thèmes favoris pour l’élection : la sécurité, qu’elle promet de « rétablir dans (les) villes » si elle est élue. La vidéo et le tweet ont depuis été supprimés par Twitter pour violation des règles du réseau social.

Le respect des victimes doit être la priorité

L’utilisation par la candidate d’extrême droite de cette vidéo a fait bondir ses adversaires politiques. Enrico Letta, le chef du Parti démocrate (centre gauche), a qualifié lundi d’« indécent » l’utilisation de ces images « à des fins électorales », et rappelle que « le respect des personnes et des victimes doit être la priorité ». Après l’annonce de la suppression de la vidéo, il a réitéré : « Il n’est pas possible que la campagne électorale d’une grande démocratie, d’un des pays les plus importants du monde, arrive si bas. On ne se laissera pas emporter. »

L’ancien ministre désormais député européen Carlo Calenda (groupe Renew, où siègent les eurodéputés LREM) a aussi partagé sa colère. « Signaler un viol est un devoir. Le montrer à des fins de campagne électorale est un acte immoral et irrespectueux en premier lieu pour la femme qui l’a subi, qui ne voudrait certainement pas être exposée sur les réseaux sociaux de cette manière. ⁦Honte à Giorgia Meloni », a-t-il réagi sur Twitter.

« Un sinistre pillage sans dignité », a également commenté le leader du parti de gauche Sinistra Italiana, Nicola Fratoianni. « Tout cela est inouï et honteux. Il n’y a aucun respect pour la douleur d’une femme qui a subi les pires violences, qui sont utilisées pour la propagande électorale », a renchéri le porte-parole des Verts Angelo Bonelli.

Giorgia Meloni ne compte pas s’excuser

Face aux critiques, Giorgia Meloni a publié une vidéo d’explications lundi 22 août, dans laquelle elle fustige les critiques de la gauche, qu’elle qualifie de « mystifications délirantes ». Elle assure avoir publié la vidéo pour venir « en soutien à la victime et pour réclamer justice ». Afin de dédramatiser son acte, la candidate de 45 ans affirme avoir récupéré les images de l’agression sur l’un des journaux italiens qui les avait diffusées, et précise avoir flouté le visage de la victime.

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Mardi, la police a ouvert une enquête pour diffusion illicite de vidéo. Le même jour, la victime a confié sa détresse dans la presse après avoir été reconnue par des proches. « Je suis désespérée », s’est-elle alarmée. Valeria Valenta, présidente de la commission d’enquête sur les féminicides au Sénat, a alors déploré la situation de cette femme, « victime deux fois ». « Giorgia Meloni, dites que vous avez fait une erreur et excusez-vous. Et puis j’en appelle à tout le monde : que cela ne se reproduise plus », a-t-elle imploré.

Réponse de Giorgia Meloni en marge de l’ouverture de la campagne électorale de Fratelli d’Italia : « Je n’ai aucune raison de m’excuser si ce n’est pour exprimer ma solidarité. J’ai publié quelque chose qui était déjà sur les sites de presse. Avez-vous demandé aux journaux qui ont publié la vidéo s’ils comptaient s’excuser ? »

À voir également aussi sur le HuffPost : L’impressionnant naufrage d’un yacht au large des côtes italiennes

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi