Israël : l’état de choc

“Une nouvelle guerre du Kippour risque bien d’advenir, mais, cette fois, elle opposera une armée israélienne déboussolée à la menace multiple du Hezbollah et du Hamas, une menace non conventionnelle bien plus redoutable que celle que représentaient, en 1973, les armées égyptienne et syrienne.” Voilà ce qu’écrivait le journaliste israélien Amos Harel le 14 septembre, dans le quotidien de centre gauche Ha’Aretz.

L’histoire lui a malheureusement donné raison. Samedi 7 octobre, le Hamas déclenchait l’opération Déluge d’Al-Aqsa contre l’État hébreu, une attaque terroriste sans précédent par voie de terre, d’air et de mer, qui a vu des centaines de ses combattants pénétrer sur le territoire israélien.

La suite, vous l’avez sans doute vue dans les images, nombreuses et insoutenables, diffusées sur les réseaux sociaux ou par les télévisions du monde entier. Des corps sans vie jonchant les rues, des otages emmenés de force dans la bande de Gaza pour servir de monnaie d’échange ou de boucliers humains, un carnage près du kibboutz Reim qui accueillait une rave party où plus de 250 personnes ont été abattues… Le reporter du quotidien Yediot Aharonot qui s’est rendu sur place décrit des scènes d’apocalypse.

Dans Ha’Aretz encore, un journaliste du quotidien israélien qui vit à Nahal Oz, tout près de la bande de Gaza, raconte des heures d’angoisse avec sa famille après que les combattants du Hamas sont entrés dans leur kibboutz. “Nous nous étions autorisés à dormir sur nos deux oreilles. Ce samedi matin, nous prenons conscience que cette barrière souterraine [dans laquelle le gouvernement israélien a lourdement investi] est en fait l’équivalent de la ligne Maginot pour notre génération. Israël a déversé des tonnes de béton sous terre, alors que le Hamas n’a eu qu’à utiliser des tractopelles pour défoncer les clôtures en surface.”

En moins de quarante-huit heures, le Hamas a renversé la table en mettant à mal le mythe d’un État hébreu tout-puissant. Il y a d’abord eu la sidération, il y a désormais la peur. “Les attaques ont touché la conscience collective israélienne en plein cœur”, écrit Ruby Namdar, dans un texte bouleversant publié par The Atlantic et que nous avons traduit sur notre site. Pour lécrivain israélien, le traumatisme risque de “hanter ses concitoyens, de les définir même pendant de nombreuses années”.

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