Israël : un journaliste de Reuters, Issam Abdallah, tué par des bombardements à la frontière avec le Liban

Le journaliste de l’agence Reuters est mort à la frontière libano-israélienne, pendant que plusieurs journalistes étaient blessés par les tirs de l’État hébreu.

Issam Abdallah, un journaliste vidéaste de l’agence Reuters, est mort dans un bombardement israélien près de la frontière sud du Liban, ce vendredi 13 octobre. Selon un premier bilan de l’agence AP, au moins six journalistes internationaux ont été blessés par cette frappe, dont certains ont été transportés à l’hôpital en ambulance.

Des roquettes sont tombées sur un secteur où se trouvait un groupe de journalistes d’au moins trois médias différents, dans le village frontalier de Alma el-Chaab, a rapporté un journaliste de l’AFP sur place. Deux journalistes de l’AFP, Christina Assi et Dylan Collins, deux reporters de la chaîne qatarie Al-Jazeera et deux autres de Reuters, Thaer Al-Sudani et Maher Nazeh, ont été blessés. Un autre journaliste de Reuters, Issam Abdallah donc, est mort.

Un direct vidéo violemment coupé

« Nous sommes profondément attristés d’apprendre que notre vidéaste, Issam Abdallah, a été tué », a indiqué Reuters. Ce journaliste faisait partie d’une équipe de Reuters dans le sud du Liban qui fournissait un signal vidéo en direct, a ajouté l’agence. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, des images de ce direct ont été publiées sur le réseau social X (anciennement Twitter). On y entend la détonation suivie de cris. Le direct de Reuters a ensuite été suspendu. ATTENTION, l’audio de la séquence peut être particulièrement choquant.

Depuis l’annonce du décès d’Issam Abdallah, plusieurs de ses collègues et des journalistes qui l’ont côtoyé ont eu une pensée pour lui, rappelant au passage l’importance vitale que les journalistes puissent faire leur travail librement. « À chaque fois que j’étais trop imprudente, il me rappelait : “Notre but est de rapporter les informations, pas de les devenir” », se souvient par exemple une ancienne collègue du reporter chez Reuters, Erika Solomon.

D’autres remarquent aussi que la dernière publication d’Issam Abdallah était un hommage à Shireen Abu Akleh, reporter américano-palestinienne qui travaillait en Cisjordanie lorsqu’elle avait été tuée par un tir dans la tête de l’armée israélienne, en mai 2022.

L’explosion à la frontière comme déclencheur

Plus tôt dans la journée, l’armée israélienne avait bombardé les abords de plusieurs localités frontalières dans le sud du Liban, après une explosion sur la barrière séparant les deux pays, selon des sources sécuritaires et un correspondant de l’AFP.

Une source sécuritaire libanaise avait fait état d’une « tentative d’infiltration » à partir du Liban. Des échanges de tirs ont eu lieu à la frontière après cette tentative, selon al-Manar, la chaîne du Hezbollah libanais. L’armée israélienne a pour sa part annoncé avoir procédé à des tirs d’artillerie sur le territoire libanais après « une explosion sur la barrière frontalière ».

Les bombardements israéliens avaient déjà touché les abords des villages de Dhayra et Aalma ech-Chaab, selon des correspondants de l’AFP sur place. Des images de ces tirs avaient d’ailleurs été partagées par le défunt Issam Abdallah sur son compte Twitter.

En début de soirée, le Hezbollah a indiqué dans un communiqué avoir répondu « aux agressions israéliennes vendredi après-midi », en visant « plusieurs positions israéliennes ».

Le sud Liban pas épargné par la flambée de violence

Cette région frontalière est le théâtre d’affrontements réguliers depuis près d’une semaine, mais les opérations étaient pour le moment restées limitées, de même que les bombardements israéliens sur les abords des villages frontaliers dans le sud du Liban.

Le puissant Hezbollah pro-iranien s’est contenté jusqu’à présent d’une intervention mesurée dans la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque lancée par son allié, le Hamas palestinien, contre Israël, qui a déjà fait des milliers de morts dans les deux camps.

Lundi, le parti chiite a déclaré que les frappes israéliennes avaient tué trois de ses membres, tandis que des combattants palestiniens ont revendiqué une tentative d’infiltration déjouée. Le lendemain, la branche armée du mouvement islamiste Hamas a revendiqué des tirs de roquettes depuis le sud du Liban, tandis qu’Israël a annoncé avoir ciblé des postes d’observation du Hezbollah.

L’« équilibre de la terreur » prévaut depuis la guerre de 2006 entre le Liban et le Hezbollah, qui a fait plus de 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, militaires pour la plupart.

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