Israël-Hamas : comment les enfants otages sont-ils pris en charge après leur libération ?

Depuis vendredi, plusieurs dizaines d'otages ont été libérés par le Hamas, dont des mineurs. En plus de la prise d'otage, ils ont vécu près de deux mois de captivité et ont parfois perdu des proches. Une expérience traumatisante qui nécessite qu'ils soient accompagnés.

Une attention particulière. Alors que de nouveaux otages doivent être libérés ce lundi 27 novembre, 39 Israéliens et 19 étrangers qui étaient retenus par le Hamas depuis le 7 octobre ont été libérés depuis le début de la trêve vendredi dernier. Parmi eux, la petite Avigail, 4 ans. Comme elle, plusieurs enfants ont été libérés et vont faire l'objet d'une prise en charge spécifique.

Des enfants "vulnérables"

"Après le traumatisme qu'ils ont subi, ces enfants sont vulnérables", souligne auprès de BFMTV la docteure Ayelet Noam-Rosenthal, membre de l'institut Haruv, spécialisée dans les traumatismes d'enfants otages.

"Le principe du traumatisme, c'est que les gens sont enfermés dans la sphère émotionnelle, celle de la peur et ils ne peuvent pas en sortir", abonde la docteure en psychologie clinique, spécialisée en psychotraumatologie, Marilyne Baranes.

Elle assure que les enfants sont recueillis dans un état de "sidération" après l'expérience qu'ils ont vécue. La situation est particulière dans leur cas: "il y a le premier impact qui est l'enlèvement", auquel ont suivi "50 jours de captivité".

La docteure Marilyne Baranes rappelle que les enfants vont aussi potentiellement avoir un "sentiment de culpabilité" de s'en être sortis. "La question va être: pourquoi moi?", dit-elle.

Objets familiers et nourriture de leur choix

Pour accompagner au mieux ces enfants fragiles, des spécialistes de l'institut Haruv, à Jérusalem, ont mis au point un guide délivrant des conseils aux soldats israéliens qui vont les accueillir juste après leur libération.

Pour rassurer les enfants, quelques conseils recommandent par exemple "d'apporter un objet familier" à l'enfant, comme une peluche ou une couverture. Il est également conseillé "d'assurer la présence de visages familiers" aux enfants, par exemple au moyen de photos.

Les soins médicaux d'urgence mis à part, les soldats sont aussi censés apporter aux enfants la nourriture de leur choix, de la pizza au schnitzel de poulet. À défaut, ils doivent se présenter avec du pain, du fromage et des fruits.

Des "consignes pratiques"

Il est également essentiel de les rassurer en leur fournissant un cadre, en leur indiquant où ils sont, qui est leur interlocuteur ou ce qu'il va se passer.

Concrètement, l'ouvrage recommande aux soldats de se présenter et de donner des indications purement factuelles aux enfants en disant: "Je suis un soldat des forces israéliennes et je suis ici pour te ramener chez toi. Tu es en sécurité".

Ces "consignes extrêmement pratiques" délivrées aux enfants permettent de "faire réagir immédiatement la sphère de l'intelligence" et "de les sortir de l'émotion", selon Marilyne Baranes.

Les "sortir de l'émotion"

En plus du traumatisme de la prise d'otage, certains enfants ont perdu leurs proches. C'est notamment le cas de la petite Avigail, dont les deux parents sont morts pendant les attaques du 7 octobre. Pour autant, le manuel recommande de ne pas répondre aux questions des enfants à ce sujet.

Il conseille à la place de leur dire ces mots: "Mon travail est de t'emmener en Israël dans un endroit sûr où des gens que tu connais répondront à toutes tes questions".

Là aussi, l'objectif est de sortir les enfants du domaine de l'émotion, mais aussi de différencier le moment où les enfants retrouvent leurs proches "où ils vont pouvoir vivre des émotions", de celui où ils sont "ramenés à la vie normale" avec des "consignes extrêmement techniques".

Il est recommandé d'être surtout à leur écoute. Comme la fait déjà la directrice d'un hôpital pour enfants qui a accueilli certains de ces jeunes otages libérés. "Ils nous ont raconté leurs expériences, nous ne posons pas beaucoup de questions, nous écoutons et ils racontent leurs histoires, nous pleurons avec eux", a-t-elle raconté à BFMTV.

"Un sas de décompression"

"Il faut leur permettre d'avoir une transition", assure de son côté l'ancien officier Guillaume Ancel.

"En général, on essaye d'organiser un sas de décompression qui va leur permettre progressivement de reprendre pied pour éviter de transformer en nouveau traumatisme ce qu'ils ont subi, y compris la sortie", développe-t-il.

De fait, après une longue captivité, "on finit par trouver une bulle presque rassurante (créée) par ses propres gardiens", explique l'ancien militaire.

Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque sur des postes militaires, des villages, des kibboutz et dans un festival de musique, selon l'Agence France Presse (AFP). Au moins 35 sont des enfants, dont 18 ont moins de 11 ans.

Article original publié sur BFMTV.com

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