En Iran, Mahsa Amini meurt après son arrestation par la police des mœurs

An Iranian woman wearing a protective face mask walks past a shuttered Bank Sepah branch in downtown Tehran on July 20, 2021. - Iran a day earlier announced strict curbs in the capital Tehran and a nearby province to stem the spread of Covid-19, as daily infections drew close to an all-time high. (Photo by ATTA KENARE / AFP)

ATTA KENARE / AFP

Mahsa Amini, 22 ans, tombée dans le coma après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs, est décédée ce vendredi 16 septembre. (Photo d’illustration)

INTERNATIONAL - Arrêtée parce que son voile était mal mis. Mahsa Amini, 22 ans, tombée dans le coma après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs, est décédée ce vendredi 16 septembre, ont annoncé la télévision d’État et sa famille.

La jeune femme était en visite à Téhéran avec ses proches quand elle a été arrêtée mardi 13 septembre par l’unité spéciale de la police chargée d’appliquer les règles vestimentaires strictes pour les femmes, dont l’obligation de se couvrir les cheveux. Selon la police de Téhéran, Mahsa Amini et d’autres femmes arrêtées ont reçu des « instructions » sur les règles vestimentaires.

Dans un communiqué, la police de Téhéran parle d’un « problème cardiaque soudain » qui a conduit au décès. Mahsa Amini « s’est soudainement évanouie alors qu’elle était avec d’autres personnes dans une salle de réunion ». Elle affirme aussi « qu’il n’y avait pas eu de contact physique » entre les agents de police et la jeune femme.

Un « meurtre » selon des activistes

La télévision d’État a diffusé de son côté des extraits d’une vidéo montrant une salle, visiblement au commissariat, où l’on peut voir de nombreuses femmes. L’une d’elles, présentée comme Mahsa Amini, se lève pour discuter avec une « instructrice » au sujet de sa tenue vestimentaire, puis elle s’effondre. Dans un autre extrait, le service d’urgence transporte le corps de la femme vers une ambulance. La famille a confirmé aux médias l’arrivée de la jeune femme à l’hôpital.

L’explication donnée par la police de Téhéran sur les causes de la mort de la jeune femme ne convainc pas du tout les associations qui jugent ce décès « suspect ». « Des accusations de torture et d’autres mauvais traitements, doivent faire l’objet d’une enquête criminelle », a réagi Amnesty International. « La prétendue police des mœurs à Téhéran l’a arrêtée arbitrairement trois jours avant sa mort en vertu des lois abusives, discriminatoires et dégradantes du pays sur le port du voile. Tous les agents et fonctionnaires responsables doivent répondre de leurs actes », a encore ajouté l’organisation.

L’avocat iranien Saïd Dehghan a qualifié sur Twitter la mort de la jeune femme de « meurtre », affirmant qu’elle avait reçu un coup à la tête qui avait provoqué une fracture du crâne. Le directeur du Centre pour les droits de l’Homme en Iran, basé à New York, Hadi Ghaemi, a lui décrit ce décès comme une « tragédie qui aurait pu être évitée ». « Le gouvernement en Iran est responsable. Elle a été arrêtée en vertu de la loi discriminatoire de l’Était sur le voile et est décédée alors qu’elle était dans un centre de détention de l’État », a-t-il ajouté.

Le ministère de l’Intérieur en charge de l’enquête

Avant l’annonce du décès, la présidence iranienne avait indiqué dans un communiqué que le président Ebrahim Raïssi avait chargé le ministre de l’Intérieur d’enquêter sur cette affaire. L’autorité judiciaire du pays avait également annoncé via son agence de presse Mizan Online la formation d’un groupe spécial pour ouvrir une enquête.

L’incident survient alors que la controverse enfle sur la conduite de cette police des mœurs qui patrouille dans les rues pour vérifier l’application dans les lieux publics de la loi sur le foulard et d’autres règles islamiques.

Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi exige que toutes les femmes, quelle que soit leur nationalité ou leurs croyances religieuses, portent un voile qui recouvre la tête et le cou tout en dissimulant les cheveux. Cependant, ces deux dernières décennies, de plus en plus de femmes à Téhéran et dans d’autres grandes villes, laissent des mèches de cheveux, voire plus, dépasser de leur voile.

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