Interdire la cigarette au volant, faire des coupes stratégiques… Ces idées pour éviter les incendies massifs

Un pare-feu dressé pour évier la propagation de l'incendie à La Teste (Photo by Thibaud MORITZ / AFP)
Un pare-feu dressé pour évier la propagation de l'incendie à La Teste (Photo by Thibaud MORITZ / AFP)

Après les incendies qui ont ravagé notamment la Gironde, plusieurs pistes se dessinent pour limiter les risques à l'avenir.

Les feux de forêt devraient se multiplier à l'avenir, sous l'effet du réchauffement climatique. C'est ce que montrent plusieurs études, dont celle de la la mission interministérielle Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts. Sous l'effet du réchauffement climatique, les périodes de sécheresse vont se multiplier, entrainant la possible augmentation de 30% des surfaces sensibles aux incendies à l'échéance 2040, cette hausse pouvant atteindre 50% des surfaces sensibles à l'échéance 2050.

Un avant-goût de cette situation dramatique a lieu cet été, avec des incendies massifs en Gironde, mais des feux aussi en Bretagne, Normandie, Savoie ou encore dans le Vaucluse, sous l'effet de températures caniculaires et d'une sécheresse inquiétante.

Un village interdit de fumer au volant l'été

Au-delà des traditionnelles restrictions prises par les préfectures, comme l'interdiction d'aller dans certaine forêts, l'interdiction des feux d'artifice et des barbecues, pour tenter de limiter ces risques d'incendies massifs, plusieurs idées sont lancées, à court comme à moyen terme.

Le maire de la commune de Langlade, dans le Gard, a par exemple interdit de fumer au volant sur le territoire de la ville, durant le mois de juillet, alors que Langlade s’étend sur 1 000 hectares dont 700 de garrigue particulièrement secs et inflammables.

90% des départs de feu d'origine humaine

"Depuis dix ans, 300 départs de feux sont dus à des cigarettes, il y a de quoi s’inquiéter ", confie le maire à France 3. " Le but en soi, c’est la prévention (...) On n’est pas contre la cigarette ", insiste Gaëtan Prévoteau auprès de TF1. Une amende de 15 euros est prévue pour tout contrevenant.

Selon le site du ministère de la Transition écologique, "l’activité humaine est la principale cause de déclenchement d’incendies, 90% des départs de feu, que ce soit du fait d’une activité économique (chantiers de BTP, activités agricoles...) ou bien d’une activité du quotidien (mégots de cigarettes, barbecues ou feux de camps)". "La majorité de ces feux d’origine anthropique sont dus à des imprudences et à des comportements dangereux, aussi bien de touristes que de riverains. Ils pourraient donc être évités en ayant les bons réflexes au quotidien".

Les pompiers veulent former "aux gestes de la sécurité civile"

Face à ce constat, et alors que la part des feux de forêt causés par l'Homme varie entre 80% et 96% selon les sources, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France estimait sur France Info que la population doit être mieux formée aux épisodes extrêmes (incendies, inondations) dans un contexte de dérèglement climatique.

"Il faut aménager le territoire en considérant que la forêt en est une partie intégrante : comment organiser les massifs forestiers, non seulement de l’intérieur, mais aussi en prenant en compte les communes alentour en voyant la venue des feux comme un fait inéluctable. Faire par exemple de grandes coupures de combustible est une bonne idée", explique auprès de st d'ailleurs pas que sur les incendies, c'est aussi à propos des conditions météo extrêmes comme les tempêtes ou les phénomènes cévenols (...) Personne ne sait comment agir dans une forêt quand il fait 40 degrés", déplore notamment É ric Flores, vice-président de la fédération. Une proposition que toute la population française soit formée "aux gestes de la sécurité civile" que Matignon aurait jugé "utile", toujours selon la radio publique.

"Voir les feux comme un fait inéluctable"

Des adaptations humaines font partie des idées avancées pour limiter le risque d'incendies d'importance à l'avenir. Mais les spécialistes de la question prônent aussi une gestion différente de la forêt.

"Il faut aménager le territoire en considérant que la forêt en est une partie intégrante : comment organiser les massifs forestiers, non seulement de l’intérieur, mais aussi en prenant en compte les communes alentour en voyant la venue des feux comme un fait inéluctable. Faire par exemple de grandes coupures de combustible est une bonne idée", explique auprès de Libération Arnaud Sergent, ingénieur chercheur spécialisé sur les politiques de la filière forêt-bois à l’Inrae.

Une stratégie de réduire à certains endroits la forêt qui est la stratégie actuellement utilisé pour limiter la propagation du feu en Gironde, détaillée par l'ONF dans un communiqué. "La technique est la même partout : abattage des arbres, évacuation des bois de la zone, puis vient le temps des bulldozers pour qu’il ne reste plus aucun combustible pour le feu. Au final, une bande de 100 à 250 mètres de large de sable blanc vierge de toute végétation est créée".

"Faire des pistes, entretenir la végétation..."

"Renoncer à des hectares d’arbres, ce n’est pas évident, ça doit venir d’une vraie volonté, d’une vraie stratégie. Mais qui va payer ces coûts supplémentaires ? Sans oublier qu’il faut également préserver les bois des maladies et des tempêtes, d’autres risques importants. Il faut tout prendre en compte et limiter la casse", prolonge le spécialiste, qui appelle aussi à adapter l'intérieur de la forêt. "Il serait intéressant de faire des pistes pour que les pompiers puissent accéder au cœur de la forêt. Mais aussi entretenir davantage la végétation, la contrôler, et diversifier les essences en plantant par exemple des feuillus en lisière des bois, moins inflammables que les résineux".

En déplacement en Gironde sur les lieux des incendies, Emmanuel Macron a annoncé un "grand chantier national pour replanter", sans toutefois préciser si la forêt serait replantée à l'identique ou adaptée.

VIDÉO - En visite en Gironde, Emmanuel Macron face à l'urgence climatique