« Influvoleurs » : Booba au Sénat ? Après Magali Berdah, les sénateurs veulent l’auditionner

Invité par le Sénat à être auditionné sur la question des influenceurs, le rappeur Booba a poliment décliné dans un tweet (photo d’illustration prise en juillet 2022 à l’occasion d’un concert à La Rochelle).
Invité par le Sénat à être auditionné sur la question des influenceurs, le rappeur Booba a poliment décliné dans un tweet (photo d’illustration prise en juillet 2022 à l’occasion d’un concert à La Rochelle).

POLITIQUE - Il les éconduit poliment. Ce jeudi 13 avril, nos confrères de Public Sénat ont annoncé que le rappeur Booba serait prochainement auditionné par les sénateurs, qui planchent actuellement sur une proposition de loi déjà votée à l’Assemblée nationale et qui vise à réguler l’activité des influenceurs. Sauf que l’intéressé a rapidement décliné.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, le rappeur du Pont-de-Sèvres a effectivement publié un tweet quelques minutes après la parution de l’article sur le site de Public Sénat. Un message dans lequel il affirme à ses six millions d’abonnés : « Je n’irai pas au Sénat ». Ce qu’il justifie en expliquant qu’il ne « cherche pas à faire politique ».

Booba, qui a fait une priorité du combat contre ceux qu’il qualifie d’« influvoleurs », à savoir des personnalités des réseaux sociaux qui profitent de leur notoriété en ligne et de la crédulité de leurs abonnés pour vendre des produits de piètre qualité ou imaginer des montages financiers douteux, décline ainsi l’invitation du Sénat. Et assure qu’il veut simplement « démasquer ces influvoleurs et combattre la culture du vide ».

En revanche, il charge les parlementaires d’une mission : « Je vous laisse faire votre boulot, condamnez-les, sanctionnez-les. Merci. »

Pratiques commerciales trompeuses et mensonges

Une référence directe aux travaux des sénateurs sur la proposition de loi portée par les députés Stéphane Vojetta (Renaissance) et Arthur Delaporte (Parti socialiste), et qui a été votée à l’unanimité à la fin du mois de mars à l’Assemblée nationale. Or ce texte, soutenu par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, prévoit notamment des mesures pour mieux protéger les mineurs face à la publicité déguisée et à l’usage de filtres vidéo, tout en sanctionnant ceux qui ont recours à ces pratiques.

Des objectifs dans la droite lignée de ceux de Booba, qui ne cesse depuis des mois de dénoncer les mensonges et les pratiques commerciales trompeuses des influenceurs, souvent issus de la téléréalité. Un combat qui a notamment poussé le rappeur à épingler Magali Berdah, considérée comme la « papesse » de ce genre télévisuel.

Avec son agence d’influence Shauna Events, Magali Berdah représente effectivement plusieurs des influenceurs qui ont été dénoncés publiquement par Booba sur les réseaux sociaux. Et face à la virulence de l’artiste, elle n’a pas hésité à l’accuser de cyberharcèlement, reprochant à une partie du monde politique de ne pas la soutenir, ni de condamner les attaques en règle de Booba.

Une vaste campagne de « haine en ligne »

Au contraire, mi-mars, le même Bruno Le Maire a affiché publiquement son soutien à Booba dans sa lutte contre les mauvaises pratiques de l’influence. « Booba a raison de rappeler qu’il y a des dérives inacceptables. Nous y mettrons fin », promettait le ministre sur l’antenne de franceinfo. Avant de nuancer en refusant de mettre tous les influenceurs dans le lot de ceux qui se « comportent mal », et préférant chercher à les « protéger » sans les « stigmatiser ».

Pourtant, outre le rôle joué par Magali Berdah et son agence dans certaines des « dérives » de l’influence, difficile de nier le harcèlement dont elle fait l’objet. Évoquant « une vaste campagne de haine en ligne », elle a déposé plusieurs plaintes et au moins une dizaine de personnes vont devoir faire face à la justice pour des messages injurieux et des menaces à son encontre. Booba, lui, n’a pour l’heure pas été mis en examen dans cette affaire, mais seulement placé sous le statut de témoin assisté.

Ironie du calendrier, ce jeudi, au moment où la nouvelle de l’invitation de Booba au Sénat était rendue publique, c’est Magali Berdah qui était entendue par les sénateurs en marge de leur étude du texte sur les influenceurs. De quoi relancer, encore une fois, les débats autour de la responsabilité des « influvoleurs ».

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