Inflation : des assos fustigent les « profits opaques » des entreprises et en appellent à Macron
Foodwatch, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et CLCV dénoncent les « marges excessives » des supermarchés alors que la « précarité a explosé ».
ÉCONOMIE - « Qui fait son beurre sur l’inflation alimentaire ? » L’association Foodwatch ainsi que Familles Rurales, UFC-Que Choisir et Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) ont interpellé ce mercredi 29 novembre le président Emmanuel Macron dans une lettre ouverte et dénoncé les « profits opaques » des entreprises dans le contexte de forte inflation des prix alimentaires.
Ces associations de défense des consommateurs demandent au chef de l’État de « faire toute la lumière sur la construction des prix alimentaires », appelant en outre à « mettre fin au plus vite aux marges excessives, qui sont dévastatrices tant pour les consommateurs que pour nos producteurs ».
📈Qui fait son beurre sur l’ #inflation alimentaire ? 🤨 La réponse de la Directrice générale de foodwatch France, Karine Jacquemart, après plusieurs mois de recherche, avec en prime, un thread et une invitation à l'action👇 pic.twitter.com/cQBRtAELj9
— foodwatch France (@foodwatchfr) November 29, 2023
« D’un côté, des millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire en France », expliquent-elles dans un communiqué commun publié mercredi, alors que les prix en grandes surfaces ont augmenté de plus de 20 % en deux ans. « La précarité a littéralement explosé et une personne sur trois saute au moins un repas par manque d’argent », affirme même la directrice générale de foodwatch France, Karine Jacquemart.
« Certains profitent de la crise »
« De l’autre, certains profitent de la crise », accusent les associations dans leur lettre, estimant que « la marge de l’industrie agroalimentaire a atteint un niveau historique » tandis que celle de la grande distribution « a elle aussi augmenté sur certains rayons de première nécessité ». Le tout, « dans un climat d’opacité inacceptable sur la construction des prix ».
« On ne nie pas que certains coûts aient augmenté », a tempéré Nadia Ziane de Familles Rurales sur franceinfo ce mercredi, en réponse à l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires) qui a justifié la hausse des prix par l’augmentation des coûts de production. Toutefois, a estimé Nadia Ziane, « ils ont profité de la situation ».
🔴 L’ANIA pointe l’augmentation des coûts de production ➡️ "Si l’ANIA n’a rien à cacher, on dit ‘chiche, allons-y !’. Le jour où on saura combien coûte un produit à produire, combien prend chaque échelon dans la chaîne, ça nous ira”, défend Nadia Ziane (Familles Rurales). pic.twitter.com/ImV6veVllJ
— franceinfo (@franceinfo) November 29, 2023
C’est pourquoi les quatre associations demandent aux autorités de rendre obligatoire une « transparence totale et immédiate sur les marges nettes par produits » que réalisent « les géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution ». Nadia Ziane résume : « Le jour où on saura combien coûte un produit à produire, combien prend chaque échelon dans la chaîne, ça nous ira. »
Interdire les marges excessives
Foodwatch, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et CLCV « exigent » en outre des « mesures concrètes pour rendre impossibles les marges excessives sur les produits alimentaires essentiels, sains et durables », et la « suppression de la marge minimale garantie de 10 % pour la grande distribution (Seuil de revente à perte) ».
Cet encadrement du « Seuil de revente à perte » (SRP) a été adopté dans le cadre de la loi Egalim 1 qui était censée protéger le revenu des agriculteurs. Il oblige les supermarchés à vendre les produits alimentaires au moins 10 % plus cher que le prix auquel ils les ont achetés. Mais selon des travaux d’évaluation parlementaires, la mesure « ne semble avoir que très partiellement atteint son objectif » d’accroître la rémunération des producteurs agricoles.
Emmanuel Macron avait annoncé fin septembre vouloir trouver avec les grands industriels « un accord sur la modération des marges dans le secteur » avec des « contrôleurs qui procéderont à des vérifications », et son ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait précisé quelques jours plus tard que le gouvernement veillerait à ce que les marges des industriels demeurent « raisonnables ».
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