Histoires de femmes infidèles : "Quand je suis tombée malade, je me suis dit que c’était ma dernière chance"

Sitting on a hill in QLD, Australia watching the surf
Sitting on a hill in QLD, Australia watching the surf

En mars 2019, le profil de la femme infidèle type était partagé par un site de rencontres spécialisé : 37 ans en moyenne, cadre supérieure, citadine, mariée depuis plus de cinq ans et mère de deux enfants. Différentes études tendent également à montrer que de plus en plus de femmes se tournent vers l'infidélité (elles étaient 31% à déclarer avoir déjà trompé en 2014, elles étaient 33% en 2016). Qui sont ces femmes ? Quelles sont leurs motivations ? Comment organisent-elles leurs vies ? Ce sont les questions que nous avons voulu poser à certaines d'entre elles.

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Suzanne a 52 ans quand on lui diagnostique un cancer du sein : "Je surveillais de près cette question parce que ma mère en avait souffert aussi. Je ne dirais pas que je n’ai pas été étonnée mais j’étais certainement plus prête à entendre ça que d’autres femmes. Mon mari m’a toujours entendu en parler, et je ne lui ai jamais caché les rendez-vous de contrôle donc lui aussi n’a pas été surpris." Suzanne s’est mariée à 26 ans et est mère d’une jeune femme qui vient de quitter le domicile familial : "J’ai été contente qu’elle soit déjà partie parce que je ne voulais pas lui faire vivre ce stress-là."

Un besoin de dire au revoir à son corps "d'avant" avec un autre homme

Si physiquement Suzanne se sent prête à subir les traitements et l’opération, psychologiquement elle a une réaction qu’elle n’attendait pas : "Quand je suis tombée malade, je me suis dit que c’était ma dernière chance. J’ai eu le sentiment que quelque chose se finissait. Que c’était la fin d’une partie de ma vie et qu’il y allait en avoir une autre, peut-être aussi bien mais différente, en tant que survivante de cancer. Mon corps allait changer, je le savais. J’avais peur de me sentir moins femme et je ne voulais pas faire semblant avec de la chirurgie reconstructrice, des soins d’esthétique ou des perruques. Je ne juge pas du tout les femmes qui le font mais je savais déjà que moi je n’allais pas cacher cette expérience de ma vie. C’est à cause de ça que j’ai eu besoin de dire au revoir à mon corps d’avant, je pense."

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Suzanne a besoin de se sentir désirable et de plaire à un homme autre que son mari : "Cela n’a rien eu à voir avec lui ni avec notre vie sexuelle ensemble qui a toujours été très bien. Mais je voulais dire adieu à mon corps sous cette forme avec quelqu’un qui ne le connaîtrait que comme ça. Je sais que c’est difficile à comprendre mais sur le moment ça m’a paru être la seule chose importante à faire. Je devais trouver un homme pour lui laisser ce souvenir-là de moi et ne plus jamais le recroiser."

Elle rencontre son amant dans un bar : "Je n’avais pas envie d’utiliser une application de rencontre, donc je me suis installée dans un bar pendant plusieurs heures un mardi en fin de journée. Il y avait du monde mais pas trop, et au bout d’un moment, un homme seul est venu me parler. Je ne l’aurais pas suivi s'il ne m’avait pas plu évidemment. Je n’avais pas envie de coucher avec n’importe qui. Mais même s'il n’est pas vraiment beau, j’ai aimé la douceur qui se dégageait de lui et le respect avec lequel il me traitait. Je suis montée chez lui après deux verres et on a fait ce qu’on devait faire."

Se plaire comme on est

Suzanne chérit ce souvenir : "Il m’a dit que j’étais belle, que ma peau était douce, que mes seins étaient parfaits. J’avais juste envie d’avoir ce regard sur mon corps. Je ne dis pas que ça a plus de valeur que les compliments de mon mari, mais c’est juste différent. C’est comme faire une photo pour garder un souvenir. J’ai laissé un souvenir de mon corps désirable tel qu’il était avant d’être vraiment touché par la maladie. Je n’ai aucune envie de recommencer, je n’ai rien à me prouver maintenant que je suis guérie. Et je suis heureuse en couple. Je ne ressemble juste plus du tout à la femme que j’étais avant. J’ai un sein en moins, j’ai perdu du poids, mes cheveux ont blanchi. Je ne suis plus belle pareil. Je ne dis pas non plus que je ne suis pas belle du tout. Je me plais comme je suis. J’ai le corps d’une femme qui a eu la vie qu’elle a eue. Une femme de plus de cinquante ans qui a eu un enfant, a fait trop de régimes dans sa jeunesse, a eu un cancer."

Elle ne regrette rien : "Je n’ai jamais rien regretté dans ma vie alors je ne vais pas commencer. J’ai fait des expériences, et ça en faisait partie. Ça m’a construite, ça m’a enrichie. Je ne juge pas celles qui tombent amoureuses d’autres hommes ou qui aiment le sexe. Moi j’ai eu besoin d’un regard. Il y a plein de raisons pour ne plus être fidèle. Aucune n’est plus valable qu’une autre."

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