En Indonésie, des habitants de la forêt privés de droit de vote faute de “domicile légal”

Selon l’Alliance des peuples autochtones de l’archipel (Aman), 1,5 million d’autochtones ne pourront pas voter lors des élections présidentielles de 2024. Yayan, l’un des chargés de l’expansion de la participation politique au sein de cette association de défense des droits, explique à Koran Tempo la raison de cet imbroglio bureaucratique : “Depuis les dernières élections, en 2019, le problème est toujours le même, à savoir que la plupart d’entre eux n’ont pas de carte d’identité électronique, qui est le document requis pour pouvoir être enregistré comme électeur.”

Pour obtenir une carte d’identité, il faut un domicile fixe. Or ces peuples autochtones vivent dans des zones de conservation forestières qui sont interdites à l’habitat par l’administration. Par conséquent, cette dernière ne leur reconnaît pas de lieu de résidence. La plupart de ces habitants de la forêt se trouvent dans le nord de Sumatra, dans le Kalimantan-Est et le Kalimantan du Sud et dans les petites îles orientales de la Sonde. “Ils ont un grand désir de voter, mais ils en sont empêchés par cette tare du système électoral. Le ministère de l’Intérieur aurait dû réfléchir à ce problème, car ils ont les mêmes droits que tous les autres citoyens indonésiens”, ajoute Yayan.

Selon la définition qu’en donne Aman, les peuples autochtones d’Indonésie sont “des groupes de personnes qui habitaient l’archipel avant même l’existence de l’État indonésien et l’avènement des religions et des cultures modernes”.

Sur son site, la direction générale du contrôle du changement climatique au ministère de l’Environnement et des Forêts avance le chiffre de 70 millions d’“autochtones” appartenant à plus de 1 100 groupes ethniques. Elle reconnaît que, “malgré des croyances et des modes de vie différents, certains de ces peuples autochtones [cohabitent] et font partie de la forêt. Leur sagesse dans le traitement de la forêt existe depuis l’Antiquité.”

Interrogé par Koran Tempo, le directeur général des données démographiques et de l’état civil du ministère de l’Intérieur, Zudan Arif Fakrulloh, émet des doutes sur les données d’Aman. Il affirme que 99,4 % de la population indonésienne possède déjà une carte d’identité électronique. “S’il y a des indigènes qui n’en ont pas, donnez-nous leur nom et leur adresse. J’attends. Mais je ne peux pas croire qu’ils soient 1,5 million”, a-t-il déclaré.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :