Inde : Modi va à nouveau gouverner mais avec l'alliance d'autres partis

Le Premier ministre indien Narendra Modi lors d'un discours après avoir revendiqué la formation d'un nouveau gouvernement d'union, à l'issue de son élection pour un troisième mandat, le 7 juin 2024 à New Delhi (Money SHARMA)
Le Premier ministre indien Narendra Modi lors d'un discours après avoir revendiqué la formation d'un nouveau gouvernement d'union, à l'issue de son élection pour un troisième mandat, le 7 juin 2024 à New Delhi (Money SHARMA)

Narendra Modi va être investi dimanche pour un troisième mandat à la tête du gouvernement indien, après des résultats plus serrés que prévu aux élections législatives qui ont contraint son parti à négocier avec d'autres formations pour se maintenir au pouvoir.

La présidente indienne Droupadi Murmu fera "prêter serment au Premier ministre et aux autres membres du Conseil des ministres de l'Union le 9 juin 2024 à 19h15 (13h45 GMT)", a annoncé la présidence dans un communiqué diffusé vendredi soir.

"J'ai beaucoup de chance que vous m'ayez élu à la tête de la NDA (l'Alliance démocratique nationale, qui regroupe 15 partis, ndlr), avec un consensus total", avait auparavant déclaré Narendra Modi au cours d'une réunion au Parlement ayant rassemblé vendredi près de 300 députés de cette coalition.

"Une majorité est essentielle pour diriger le pays, c'est l'essence même de la démocratie. Mais, pour diriger un pays, le consensus est également essentiel", avait-il ajouté.

L'Alliance démocratique nationale avait déjà annoncé mercredi en fin de journée un accord pour constituer un gouvernement et avoir "choisi à l'unanimité le leader respecté" de 73 ans en tant que "chef de file".

Disposant de 293 des 543 sièges que compte le Parlement, la NDA détient la majorité absolue.

- Concessions inconnues -

"Je remercie le peuple d'avoir donné au gouvernement de la NDA une troisième chance de le servir", a lancé M. Modi vendredi. "C'est une opportunité et l'expression de la volonté du peuple et je le remercie de tout cœur de cette opportunité", a-t-il ajouté.

Auparavant, il avait remercié les députés de sa coalition d'avoir unanimement soutenu sa reconduction dans ses fonctions. Cette réunion n'a été qu'une formalité, les dirigeants de ces partis ayant déjà exprimé leur appui plus tôt cette semaine.

Cela a aussi été l'occasion d'afficher la concorde entre M. Modi et ses nouveaux partenaires au sein du gouvernement.

Son parti, le BJP, n'a pas révélé quelles étaient les concessions accordées aux autres membres de l'alliance pour s'assurer de leur soutien mais plusieurs grands partis ont notamment cherché à obtenir des portefeuilles ministériels importants.

Pour Chandrababu Naidu, à la tête du plus important d'entre eux, le Telugu Desam (TDP), "aujourd'hui, l'Inde a le bon dirigeant au bon moment, c'est-à-dire Narendra Modi", tandis que des chefs d'autres formations ont paré ce dernier d'une guirlande de fleurs violettes.

- Dépendance -

Le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), qui a gouverné ces dix dernières années avec la majorité absolue, s'attendait à une nouvelle victoire écrasante.

Mais les résultats publiés mardi d'un scrutin organisé sur six semaines ont montré que celui-ci n'avait plus une telle majorité, ce qui l'a contraint à négocier avec un groupe de 15 partis pour obtenir le nombre de parlementaires nécessaire pour gouverner.

Cette dépendance de M. Modi à l'égard d'une coalition signifie que son troisième mandat pourrait se révéler beaucoup plus difficile que prévu, a noté la presse indienne.

Selon le journal Indian Express vendredi, le Telugu Desam, qui détient 16 sièges, ferait ainsi pression pour relancer un projet de construction d'une nouvelle capitale dans l'Etat méridional de l'Andhra Pradesh.

Le Janata Dal (United) dans l'État du Bihar, un autre allié, a quant à lui demandé le réexamen d'un programme de recrutement militaire controversé que le gouvernement avait conçu en 2022 afin de réduire les dépenses militaires.

Malgré l'unité affichée par les membres de la coalition, ces nouvelles alliances pourraient être sources de frictions à l'avenir, a dit à l'AFP l'analyste politique Zoya Hasan, de l'université Jawaharlal Nehru.

Le président du TDP "Chandrababu Naidu et Nitish Kumar (à la tête du Janata Dal) sont tous deux des politiques rusés. D'une certaine manière, Modi pourrait donc trouver en eux des partenaires à sa mesure", estime Mme Hasan.

- Nouveau chapitre -

Mardi, tandis que ses partisans fêtaient l'événement dans tout le pays, M. Modi a affirmé que les résultats des élections lui permettraient de poursuivre son programme.

"Ce troisième mandat sera celui des grandes décisions. Le pays va écrire un nouveau chapitre de son développement. Je vous le garantis", s'est-il exclamé devant une foule en liesse dans la capitale, New Delhi.

Les commentateurs avaient prévu une écrasante victoire de M. Modi, accusé par ses détracteurs d'avoir emprisonné des personnalités de l'opposition et d'avoir bafoué les droits de la communauté musulmane de l'Inde, qui compte plus de 200 millions de personnes.

Mais le BJP a obtenu 240 sièges au Parlement, soit bien moins que les 303 qu'il avait remportés il y a cinq ans.

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