Incendie d'une cimenterie, interpellations, ZAD: la manifestation contre la construction de l'A69 se tend

Incendie d'une cimenterie, interpellations, ZAD: la manifestation contre la construction de l'A69 se tend

Plusieurs milliers de personnes, venues de toute la France, ont manifesté, ce samedi 21 octobre, à Saïx, dans le Tarn, pour protester contre le projet d'autoroute A69 qui doit relier Castres à Toulouse. Selon les organisateurs, 10.000 opposants ont fait le déplacement à participer à la mobilisation. La préfecture du Tarn, de son côté, évoque la présence de 2.400 personnes et de 2.500 manifestants radicaux en dehors du cortège, a-t-elle fait savoir à BFMTV.

Une première manifestation avait réuni plus de 8.000 personnes en avril dernier, selon les organisateurs. Depuis plusieurs mois, les militants écologistes s'opposent à cette portion d'autoroute de 54 kilomètres, qui réduirait d'environ 20 minutes le trajet Castres-Toulouse, et qui doit être mise en service en 2025. Les contestataires déplorent la destruction d'un espace naturel et de sa biodiversité en faveur d'un développement artificiel. Le sort de centaines de platanes est particulièrement pointé du doigt.

"Un groupe de 400 personnes extrêmement virulent"

Quelque 1.600 forces de l'ordre - 400 policiers et 1.200 gendarmes - ont été déployées pour cette mobilisation, selon la préfecture. Sept personnes ont été interpellées depuis le début de la manifestation pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et port d'armes prohibé, a appris BFMTV d'une source policière. Des carabines à air comprimé, des boules de pétanques et des couteaux ont notamment été saisis par la police, selon nos informations. Deux policiers ont été légèrement blessés, a-t-on appris de la même source. Les forces de l'ordre ont fait usage de "74 grenades" lacrymogènes, selon un bilan de la préfecture.

Par ailleurs, en marge de la manifestation,un groupe des militants "presque tous cagoulés, vêtus de noir, casqués", selon un communiqué de la préfecture, s'en était détaché pour s'en prendre à deux entreprises, la cimenterie Carayon et une société du BTP, Bardou et fils, toutes deux engagées sur le chantier de l'A69, selon le concessionnaire Atosca.

Dans la cimenterie, "un algeco, trois véhicules toupies et un engin de travaux publics" ont été endommagés lors d'un incendie allumé par ces militants qui ont "dégradé le bâtiment" de l'entreprise Bardou et "arraché ses clôtures, avant d'être repoussés par les forces de l'ordre", selon la préfecture.

Quelques minutes après le départ de l'incendie, le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre, l'un des organisateurs de la manifestation, a démenti toute implication. "Les Soulèvements de la terre ne revendiquent pas l’action. Il était juste prévu que la manifestation passe à proximité (de la cimenterie NDLR)", a fait savoir le porte-parole du collectif à BFMTV.

Le gouvernement "déterminé à faire aboutir" le projet

Après une courte suspension en fin de semaine passée, le chantier de l'A69 a repris dès lundi, le gouvernement se disant "déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge". Les opposants estiment quant à eux que tous les recours juridiques n'ont pas été purgés et pensent que le projet peut encore être abandonné, en s'appuyant pour fonder leur espoir sur le succès de la mobilisation contre l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

"On est plus déterminés que jamais, on ne veut pas du futur auquel ils nous condamnent, notre mot d'ordre, c'est Amour et rage, no macadam !", a affirmé lors d'un point de presse Amalia, d'"Extinction Rébellion" Toulouse, l'un des collectifs qui appelaient à la mobilisation contre l'A69 ce weekend.

"Il y a vraiment une opinion publique qui a tourné en notre faveur et nous sommes légitimes à continuer à nous battre sur tous les terrains", a jugé Lena du collectif les "Soulèvements de la Terre".

Selon elle, ce projet d'autoroute était "l'exemple des projets contre lesquels on se bat, des projets du passé".

Une ZAD installée

S'appuyant sur un sondage Ifop réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, Gilles Garric du collectif "La Voie est libre", a indiqué que 61% des sondés étaient favorables à l'abandon du projet d'autoroute et qu'ils étaient 82% à se prononcer pour un référendum local.

En fin d'après-midi, les manifestants étaient de retour au campement situé à Saïx, à une dizaine de kilomètres à l'est de Castres, et près duquel plusieurs militants, selon les organisateurs, ont investi "des maisons de maîtres expropriées par le chantier" sur le lieu-dit de la Crémade pour créer une ZAD (Zone à défendre) baptisée "CremZAD". En début de soirée, ils étaient à l'oeuvre pour l'aménager et l'installer. Et le debriefing de la journée ainsi qu'un concert devaient s'y dérouler. La manifestation, qui a réuni plusieurs milliers de personnes ce samedi, doit se poursuivre ce dimanche.

Article original publié sur BFMTV.com