Incendie à Landiras en Gironde : la tourbe et le lignite pointés du doigt

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INCENDIES - « On a plus de dix terrains de football qui partent en fumée chaque minute ». Depuis l’après-midi du mardi 9 août, après deux semaines d’accalmie, l’immense incendie qui a dévasté mi-juillet les environs de Landiras, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, en Gironde, a repris de plus belle.

Au total, les autorités ont mobilisé un millier de pompiers, neuf avions et deux hélicoptères face aux flammes. Logfique quand on sait que 6 000 hectares sont déjà partis en fumée en seulement une nuit. Mais comment expliquer que le feu puisse être reparti avec une telle violence, après avoir déjà mobilisé des moyens très importants et parcouru 14 000 hectares il y a quelques semaines seulement ?

Le feu s’était tout simplement « enterré » et l’absence de précipitations lui a permis de perdurer, au point qu’il n’a jamais été déclaré éteint. Ainsi, alors que le département est placé en vigilance orange canicule, que l’air est extrêmement sec et que les précipitations ont été infimes ces dernières semaines (moins de 3 millimètres en juillet, pas une goutte en août), tous les ingrédients étaient réunis pour lui permettre de resurgir au milieu d’une végétation totalement desséchée.

Le feu peut se cacher pendant des années

En effet, le sol des environs est composé en partie de tourbe, de la matière organique en décomposition d’ordinaire très humide mais qui devient un excellent combustible une fois sèche, et de lignite, une matière située sous la surface du sol et dont les caractéristiques peuvent être dévastatrices dans ce genre de contexte.

« C’est du charbon de bois en formation qui se trouve parfois à un mètre de profondeur », explique à l’antenne locale de France Bleu Jean-Louis Dartiailh, le maire de la commune de Hostens où l’incendie est actif. « Quand le feu atteint la lignite, il se nourrit de l’oxygène déjà emprisonné dans la roche et ça peut se consumer en souterrain pendant des mois et même des années. » Un constat notamment fait dans les Landes à la fin des années 1940, alors que des gisements avaient continué à brûler pendant plusieurs années.

Une situation qui expliquait que l’incendie n’ait jamais été déclaré terminé et qu’il soit resté sous haute surveillance depuis la mi-juillet. « Le feu peut s’enterrer jusqu’à 80 centimètres, ressortir à des endroits où vous avez un couvert végétal et provoquer des reprises », expliquait fin juillet le pompier Éric Pitault, toujours à France Bleu.

Menace souterraine

Car en plus d’anciennes carrières exploitées jusque dans les années 1960 (le lignite servait alors au chauffage et à la production d’électricité), des gisements sous-terrains demeurent dans tous les environs. Avec le risque notamment que les flammes dévastent sous terre des mètres et des mètres de lignite, jusqu’à provoquer des effondrements.

C’est pour prévenir le type de reprise de ce mardi, rapporte le quotidien La Dépêche du Midi, que le ministère des Armées a récemment envoyé des militaires en Gironde. Le but était de creuser le sol dans les endroits encore fumants, soupçonnés d’abriter des restes de l’incendie pour éteindre les flammes.

« Un travail extrêmement astreignant » malgré lequel « on déplorait malheureusement plusieurs centaines de ’redéparts’ de feux par jour », a fait savoir le préfet délégué Martin Guespereau. Sur Europe 1, un pompier venu des Vosges décrivait de même un « travail de fourmi » consistant à gratter le sol pour détecter les foyers et le noyer en arrosant.

Face à cette menace « d’outre-tourbe », l’idéal aurait été que des précipitations importantes viennent arroser copieusement la zone. Mais on l’a dit : les Girondins et les centaines de pompiers à l’œuvre n’ont plus vu l’ombre d’une goutte depuis des semaines. Ce qui fait craindre un combat encore extrêmement difficile dans les jours à venir.

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