Immigration : la forteresse Europe

“Lorsque le moment sera venu d’écrire l’histoire de l’Europe, il faudra consacrer un long chapitre à Lampedusa. Cette petite île italienne est devenue non seulement un baromètre indiquant la gravité de la crise migratoire permanente, mais aussi la métaphore de notre réponse politique et éthique à cette crise, et même d’une toute nouvelle ère en matière de migration.” Voilà ce qu’écrivait récemment Ben Judah sur le site britannique UnHerd dans une réflexion limpide sur l’évolution des politiques migratoires en Europe. C’est l’article que nous avons choisi pour ouvrir notre dossier cette semaine, parce qu’il traduit parfaitement le virage amorcé dans la dernière décennie en la matière.

Ben Judah travaille en tant que chercheur à l’Atlantic Council, un groupe de réflexion américain spécialisé dans les relations internationales, et nous reprenons régulièrement ses articles, publiés notamment dans The New York Times et The Sunday Times. C’est un fin analyste de la géopolitique mondiale.

En 2011, des dizaines de milliers de migrants avaient afflué à Lampedusa au lendemain des “printemps arabes”. En signe de solidarité avec les nouveaux arrivants, le pape François s’était rendu sur l’île en 2013. “Dix ans plus tard, Lampedusa confirme que cette ère historique est révolue et que la priorité accordée aux droits humains ne figure plus parmi celles des dirigeants politiques européens”, explique Ben Judah en évoquant la récente visite sur place d’Ursula von der Leyen et de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Et celle des dirigeants européens en Tunisie en juin pour y négocier un accord avec le régime autocratique de Kaïs Saïed sur les migrants.

Aujourd’hui, l’Europe semble prête à tout pour freiner l’immigration, y compris à s’asseoir sur ses principes démocratiques, déplore le chercheur.

Au moment où “la France durcit le ton sur l’immigration”, comme l’écrit Il Giornale à propos du projet de loi adopté le 14 novembre au Sénat (qui doit encore être discuté à l’Assemblée nationale), nous sommes allés regarder comment nos voisins européens évoluaient sur la question. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la France n’est pas la seule à se raidir.

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