Hypermnésie : une mémoire sans limites

La capacité spectaculaire qu'ont certaines personnes à se souvenir de tout dans les moindres détails peut s'avérer difficile à vivre.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°210 daté juillet/ septembre 2022.

Solomon Cherechevski est dans les années 1920 un jeune journaliste russe. Son rédacteur en chef remarque qu'il ne prend jamais de note, mais n'oublie jamais rien. Il le met alors en contact avec un neuropsychologue renommé, Alexandre Luria, qui constate que l'homme est capable de mémoriser des listes de soixante-dix mots et les restituer sans faute quelques heures… ou quelques années plus tard*. Son hypermnésie s'appuie sur une remarquable synesthésie.

"Sa mémoire est incontrôlable"

Née à New York, Jill Price a déménagé à Los Angeles à l'âge de huit ans : "Mon cerveau s'est alors cassé", résume-t-elle. Elle prend l'habitude de noter et mémoriser tout ce qu'elle peut de son passé regretté… puis de son nouveau quotidien. Un jour de l'an 2000, elle appelle à l'aide le neurobiologiste James McGaugh, qui dirige un centre de recherche sur la mémoire à l'Université de Californie à Irvine. En 2005, il publie un article décrivant le "cas AJ". "Sa mémoire est incontrôlable et automatique. […] Si on lui donne une date, elle peut vous dire ce qu'elle faisait, et quel jour de la semaine cela tombait." Le chercheur observera d'autres patients incapables d'oublier, et notera chez eux une tendance obsessionnelle à se repasser le film de leur vie.

Les deux hémisphères du cerveau non connectés : le cas de Kim Peek

Leur HSAM (Highly Superior Autobiographical Memory) est un fardeau plutôt qu'un don. D'autres types d'hypermnésie ont été décrits, comme la mémoire photographique (ou "éidétique") du Britannique Stephen Wiltshire, qui dessine des panoramas ultraprécis de grandes villes telles que New York, Mexico ou Londres après un survol en hélicoptère.

Il a été diagnostiqué autiste, à l'instar de nombreux hypermnésiques. Le cas de Kim Peek (1951-2009), qui a inspiré le film "Rain Man", est encore plus étrange. Alors que les deux hémisphères de son cerveau n'étaient pas connectés,[...]

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