Huit milliards d'humains sur Terre : pourquoi après 2080 la population mondiale devrait stagner puis décroître ?

La population mondiale pourrait décroître après 2080
La population mondiale pourrait décroître après 2080

Selon les estimations des Nations unies, la population mondiale a franchi le cap des 8 milliards d’habitants. Alors qu’en 2080, nous pourrions être plus de 10 milliards, les démographes misent ensuite sur une stagnation voire une inflexion de la courbe.

Damián, né ce mardi 15 novembre à Saint-Domingue en République dominicaine, est l’enfant qui nous a fait franchir le cap des 8 milliards d’habitants sur Terre, révèle El Periodi. Alors que la population mondiale n’était que de 7 milliards en 2011, les Nations unies tablent sur une projection de 10 milliards d'individus en 2080 avant une stagnation et une possible diminution. Comment expliquer ce phénomène alors que les courbes semblent progresser dans une majorité de pays ?

Les chiffres masquent une diversité démographique

Si la population augmente à l’échelle mondiale, certains pays se dépeuplent. C’est le cas de l’Europe, en déficit d'un million d'habitants entre 2020 et 2021. Il y a plus de décès que de naissances en Italie, en Allemagne et en Espagne par exemple. La Chine devrait également perdre 110 millions d'habitants d'ici 2050, soit une diminution de 8% de sa population. Dans les prochaines années, la moitié des habitants de la planète vivront en majorité dans huit pays : République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Inde, Nigeria, Pakistan, Philippines et Tanzanie. L'Inde devrait être le pays le plus peuplé en 2050, devant la Chine, avec 1,7 milliard d'habitants.

Les femmes font moins d’enfants

D’après les projections démographiques, la courbe en constante progression devrait ensuite diminuer, notamment à cause de la baisse de la fécondité. "Les femmes tendent à avoir au maximum deux enfants dans de nombreux pays. On est loin de la croissance infinie dont on s'inquiétait dans les années 1960", détaille le démographe Christophe Guimoto, chercheur de l’Institut de recherche pour le développement basé au Centre de sciences humaines à New Delhi, en Inde au JDD. En Europe et aux États-Unis, les femmes ont en moyenne 1,5 enfant chacune, contre 1,9 en Asie et 1,8 en Amérique latine. En Corée du Sud, le taux de fécondité est de seulement 0,81 enfant par femme, note un article de L’Obs.

La transition démographique déjà amorcée

Grâce aux progrès de la médecine et à la baisse de la mortalité, les êtres humains vivent plus longtemps. C’est "la transition démographique", explique à franceinfo le démographe et chercheur à l'Institut national d'études démographiques (Ined), Gilles Pison. Une majorité de pays "l'ont connue ou la connaissent" et même en Afrique, la mortalité a beaucoup baissé grâce aux progrès. L’espérance de vie peut encore augmenter en cas de "succès remportés dans la lutte contre la mortalité adulte, en particulier aux âges élevés où se concentrent de plus en plus les décès", écrit le démographe dans un article publié sur Slate. Ainsi, des progrès scientifiques concernant la lutte contre les cancers ou les maladies dégénératives, permettraient de ne pas atteindre un plafond.

Mieux répartir les ressources de la planète

D’après Alban Thomas, économiste et directeur scientifique adjoint Environnement à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), les ressources de la planète sont suffisantes pour nourrir 10 milliards individus. Mais à condition de changer profondément nos modes de production et nos régimes alimentaires. "Si nous n'étions qu'un milliard sur Terre et que l'on vivait comme un habitant des pays du Nord, alors ce ne serait pas tenable", souligne Gilles Pison.

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