Houellebecq n’est pas Maurras

Michel Houellebecq, en 2019.  - Credit:LIONEL BONAVENTURE / AFP
Michel Houellebecq, en 2019. - Credit:LIONEL BONAVENTURE / AFP

« Existe-t-il un style de droite ? » se demandait la revue La Parisienne, joyeusement animée par Jacques Laurent, en juin 1955. Rappelons le contexte. Staline était mort depuis deux ans. À Paris, les barricades qui séparaient les rives de la Seine n'étaient pas imaginaires. Seul Marcel Aymé avait le don d'y grimper pour jouer à chat perché. Dans Les Temps modernes, sous un titre apparemment inoffensif, « La pensée de droite, aujourd'hui », Simone de Beauvoir venait d'établir une liste de suspects, mêlant sans distinction libéraux et fascistes, chrétiens et païens, modernistes et conservateurs, Raymond Aron et Oswald Spengler, Roger Caillois et Maurice Barrès, Jean Giono et Pierre Drieu la Rochelle, André Malraux et Roger Nimier. « Des parasites bourgeois, une simple émanation des puissances capitalistes, un épiphénomène, un néant. » N'en jetez plus.

Longtemps après que le mur de Berlin a disparu, rares sont les critiques littéraires qui invoquent le bilatéralisme droite-gauche en usage à l'époque de la guerre froide pour présenter les têtes de gondole de la rentrée littéraire. Sinon à gauche de la gauche, où l'on a gardé le goût du « rappel à l'ordre », depuis l'Enquête sur les nouveaux réactionnaires publiée par Daniel Lindenberg (chez Seuil) en 2002, un essai qui s'en prenait aux romanciers Maurice G. Dantec, Michel Houellebecq et Philippe Muray et accusait les juifs d'avoir « viré à droite ». Quand on saura qu'Alain Minc a été agrafé dans cette enquête b [...] Lire la suite