"Honteux", "terrifiant"... La gauche et Renaissance indignés après une manifestation d'extrême droite à Paris

Une manifestation qui ne passe pas. Le "Comité du 9 mai", une organisation qui commémore la mort de Sébastien Deyzieu, un militant de l'organisation ultranationaliste l'Œuvre française, mort en 1994, s'est réunie lors d'une mobilisation ce samedi, en plein coeur de Paris. Au grand dam d'une partie de la gauche, mais aussi de la majorité présidentielle, après l'interdiction de rassemblements contre la réforme des retraites.

"Sous la cagoule ou le masque de respectabilité, l’extrême droite demeure l’extrême droite. Le seul changement, c’est la complicité tacite dont elle bénéficie de la part de ceux qui ont décidé d’affronter la gauche par priorité", écrit Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, sur son compte Twitter.

550 militants présents

Depuis la mort de Sébastien Deyzieu, à l'issue d'une manifestation en 1994 après une chute de plusieurs étages, alors qu'il était poursuivi par la police, le Gud (une association étudiante d'extrême droite, un temps dissoute avant de renaître en 2022, NDLR) et le Front national de la jeunesse, désormais rebaptisé Rassemblement national, ont créé ce "comité" pour dénoncer les violences policières.

Chaque année, il organise une manifestation pour se recueillir au 4 rue des Chartreux, à Paris. 550 militants, souvent affublés de cagoules ou de croix celtiques, un symbole fasciste, étaient présents ce 6 mai, d'après la préfecture de police de Paris.

Depuis la reprise en main du "Comité du 9 mai" par les Zouaves Paris, un groupuscule dissous en janvier 2022 après des violences commises lors d'un meeting d'Éric Zemmour, le nombre de participants aurait nettement augmenté.

Des lieutenants de Marine Le Pen présents dans le cortège

Deux proches de Marine Le Pen étaient présents, d'après des informations de Mediapart. Axel Loustau, l'un des intimes de la patronne du groupe RN à l'Assemblée nationale et prestataire de ses campagnes, a défilé aux côtés d'Olivier Duguet, l'un des trésoriers d'un micro-parti proche du RN.

Ce rassemblement passe d'autant moins qu'il a été autorisé par la police. Des rassemblements ont été interdits ces dernières semaines lors des déplacements d'Emmanuel Macron et de ses ministres. La préfecture de police a interdit toute manifestation à Lyon pour la visite du président lors des commémorations du 8-Mai, tout comme à Paris pour la cérémonie à l'Arc de Triomphe.

"Dans la France de 2023, le bruit des bottes effraie moins que celui des casseroles... Honteux. Jean Moulin doit se retourner dans sa tombe", juge ainsi le député écologiste et ex macroniste Aurélien Taché.

"Non" aux casserolades mais "oui aux manifestations de néo-nazis"

Même son de cloche du côté du parlementaire LFI Paul Vannier. "En macronie les casserolades c’est non. Les manifestations de néo-nazis c’est oui."

La majorité présidentielle n'est guère plus à l'aise. "Ces images de manifestations hier de néo-nazis masqués dans les rues de Paris sont aussi terrifiantes qu’elles sont scandaleuses", a avancé la députée de Paris Astrid Panosyan-Bouvet.

"Même légal, ce sordide défilé abîme la République et doit être dénoncé avec la plus grande vigueur!", a fait savoir de son côté le député Modem Bruno Millienne.

Du côté de la préfecture de police, on assume. "Dans la mesure où cette manifestation n'avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l'ordre public, le préfet n'était pas fondé à prendre un arrêté d'interdiction à son encontre", peut-on lire dans un communiqué de presse.

Article original publié sur BFMTV.com