Dans son hommage à Badinter, Emmanuel Macron fait « le serment » de protéger ses « idéaux menacés »

POLITIQUE - Aux grands hommes, la patrie promet de « rester fidèle. » Emmanuel Macron a présidé la cérémonie d’hommage national à Robert Badinter, ce vendredi 14 février, place Vendôme, devant le ministère de la Justice, là où l’ancien garde des Sceaux socialiste a défendu l’abolition de la peine de mort en 1981.

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Avant d’annoncer sa Panthéonisation, à la toute fin de son discours, le président de la République a salué la mémoire de ce « géant du siècle » tout en faisant « le serment » de protéger son héritage et ses « idéaux menacés », comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de l’article.

« Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau. Où vos idéaux, nos idéaux sont menacés : l’universel qui fait toutes les vies égales. L’État de droit qui protège les vies libres. La mémoire qui se souvient de toutes les vies », a ainsi lancé le chef de l’État, avant d’ajouter : « Alors nous faisons aujourd’hui le serment, je fais le serment, d’être fidèle à votre enseignement et votre engagement. »

« Aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain »

En formulant cette promesse de rester « fidèle » au legs de l’ancien socialiste, devant l’ensemble de la classe politique - à l’exception du RN - et de nombreux Français rassemblés place Vendôme, Emmanuel Macron s’est lancé dans une anaphore pour mettre en relation les combats de Robert Badinter, avec ceux d’aujourd’hui.

« Vous pourrez écouter nos voix couvrir celles des antisémites et négationnistes. Comme la vôtre couvrait la leur, les réduisait au silence » ; « vous pourrez écouter des audiences, des plaidoiries et des lectures jugements, le cœur vibrant de l’État de droit si souvent remis en cause au moment où vous partez » ; « fidèles, pour que vous puissiez écouter un jour, quand le Parlement du dernier pays pratiquant la peine de mort dira ’elle est abolie’, mettant le point final à notre combat universel. »

Autant de mots qui font écho aux nombreuses causes défendues par l’ancien ministre, et aux batailles qu’il a menées, notamment en France contre l’extrême droite, le Front national puis le Rassemblement national. Après avoir salué la mémoire de Robert Badinter, « une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort », et rappelé plusieurs étapes de sa vie, le président de la République a annoncé que son nom « devra s’inscrire » au Panthéon, « aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France. »

Nombreuses voix à gauche se sont élevées depuis sa disparition, pour demander effectivement cet honneur suprême. « C’est légitime » car au Panthéon ce sont « les grands hommes qui ont porté de grandes idées », a également plaidé le président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius - une fonction occupée par Robert Badinter de 1986 à 1995.

Né dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l’actuelle Moldavie), Robert Badinter, qui avait été témoin de l’arrestation de son père à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale, s’est éteint vendredi 9 février dernier à 95 ans. Il devrait bientôt reposer aux côtés de Victor Hugo, l’un de ses modèles.

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