Hercule et la mode des mollets d’acier

Guglielmo Della Porta, Les mollets de l'Hercule Farnèse, XVIe siècle, marbre, Musée national d'archéologie, Naples.  - Credit:Delphine Peresan-Roudil
Guglielmo Della Porta, Les mollets de l'Hercule Farnèse, XVIe siècle, marbre, Musée national d'archéologie, Naples. - Credit:Delphine Peresan-Roudil

Rome, vers 1546. C'est un véritable colosse de marbre qui vient d'être découvert dans le sol de la ville. Il fait plus de 3 mètres de hauteur ! On y voit le héros antique Hercule, mollement appuyé sur sa massue après ses éprouvants travaux. La statue, qui date du IIe siècle, est admirablement bien conservée. Il ne lui manque… que les mollets. À l'époque, il est impensable de laisser une statue de cette qualité avec des morceaux manquants.

 - Credit: ©  Marie-Lan Nguyen
- Credit: © Marie-Lan Nguyen

Glycon d'Athènes, Hercule Farnèse, IIe siècle, réplique en marbre d'après l'Héraclès grec en bronze de Lysippe, vers 423 avant notre ère, Musée national d'archéologie, Naples. © Marie-Lan Nguyen

Et pour les reconstituer, qui de mieux que le génial Michel-Ange ? Mais le vieil artiste, très perfectionniste, finit par refuser. Il propose pour lui succéder l'un de ses élèves, Guglielmo Della Porta. Ce dernier sculpte une paire de mollets digne du musculeux héros et qui font l'admiration de tous. Quinze ans après, on retrouve par hasard dans un puits les antiques gambettes de l'Hercule. Que faire ? Retirer la restauration de Della Porta ? Michel-Ange défend le travail de son protégé : ses mollets sont aussi beaux que ceux de l'Antiquité, autant les laisser !À LIRE AUSSI Le Vermeer en cachait un autre

Double exposition

Mais, deux siècles plus tard, le goût a changé. Un historien de l'art juge que les pièces rapportées ont « des muscles si durs et si secs qu'ils ne ressemblent pas à de la chair, mais à des cordes ». Un autre sculp [...] Lire la suite