Herculanum : la technologie au secours des papyrus

Des outils informatiques non invasifs associés à de l'intelligence artificielle parviennent à déchiffrer les écrits anciens des papyrus d'Herculanum, rendus illisibles par l'éruption du Vésuve qui détruisit la ville romaine et sa voisine Pompéi. Retour sur cette prouesse technique qui doit beaucoup au travail collectif de chercheurs passionnés.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.

Qui aurait cru qu'il serait possible de faire revivre la seule bibliothèque complète de l'Antiquité jamais découverte ? Pas grand monde. Brent Seales, lui, y croyait. Ce qu'il n'imaginait pas en revanche, c'est qu'il mettrait plus de vingt ans à relever ce défi. En 2004, cet informaticien, enseignant-chercheur à l'Université du Kentucky (États-Unis), s'est pris de passion pour les papyrus d'Herculanum, ces textes parvenus jusqu'à nous dans leur entièreté mais rendus illisibles par l'éruption du Vésuve qui ensevelit, à l'instar de Pompéi, cette ville côtière du sud de l'Italie en 79 après J.-C.

Cuits par la chaleur des coulées destructrices à plus de 320°C, ces 1838 petits rouleaux végétaux, aujourd'hui majoritairement conservés à la Bibliothèque nationale de Naples (Italie), n'ont pas été calcinés, puisqu'ils n'ont jamais été au contact des flammes. En revanche, leurs différents segments - semblables aux anneaux d'un arbre lorsque l'on regarde le rouleau dans la tranche - ont fusionné de sorte que les petits cylindres tordus sont désormais impossibles à dérouler.

Depuis leur découverte en 1752 par les ouvriers qui creusaient l'antique ville romaine - et qui les ont d'abord pris pour des morceaux de poutres brûlées ! -, nombre d'archéologues et d'érudits ont essayé de les manipuler pour les lire. Chaque tentative fut un échec qui entraîna leur destruction, partielle ou totale. Et chacun de ces échecs fut une raison de plus de penser que leur contenu resterait à jamais inaccessible. En août 2023, pourtant, Brent Seales comprit que ce précieux savoir antique était loin d'être perdu.

Un samedi soir de cet été-là, de premières lettres en grec sont déchiffrées. Ce n'est pas Brent Seales qui les lit en premier, mais un étudiant en informatique à l'Université du Nebraska (États-Unis), Luke Farritor, âgé de 21 ans. Alors qu'il se trouve à une fête chez des amis, le jeune homme reçoit [...]

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