Hawaï : Biden est venu à Maui, île endeuillée par les incendies dévastateurs

Hawaï : Biden est arrivé à Maui, endeuillée par les incendies dévastateurs (Phoot de Joe Biden et Jill Biden avec les responsables des recherches des survivants à Maui le 21 août 2023)
Hawaï : Biden est arrivé à Maui, endeuillée par les incendies dévastateurs (Phoot de Joe Biden et Jill Biden avec les responsables des recherches des survivants à Maui le 21 août 2023)

HAWAÏ - Joe Biden, endossant le rôle de « consolateur en chef » dont il est coutumier, a passé quelques heures ce lundi 21 août sur l’île de Maui, à Hawaï. Un territoire endeuillé par des incendies catastrophiques et où règne une certaine amertume face à la gestion du drame par les autorités.

Le président américain, interrompant ses vacances dans le Nevada, a atterri un peu après 11 heures locale (23 heures, heure de Paris) à Maui, île de l’archipel du Pacifique, en compagnie de son épouse Jill Biden. Avec cette dernière, il a survolé en hélicoptère des zones dévastées. Il a aussi arpenté une rue bordée de bâtiments calcinés, s’arrêtant pour caresser l’un des chiens utilisés pour chercher des corps dans les décombres.

Après ce vol, il a rencontré des familles, des secouristes et des responsables locaux. Il a notamment promis que l’État américain accompagnerait les efforts, colossaux, de reconstruction après ces feux qui ont fait au moins 114 morts. « Nous le ferons pour vous, nous le ferons comme vous le voudrez, pas à la manière de qui que ce soit d’autre », s’est engagé le président américain.

« Si quelqu’un veut me parler quand j’aurai fini, je vais rester ici parce que je veux que vous sachiez que tout cela me tient à cœur », a ajouté le démocrate de 80 ans en concluant un discours devant environ 350 habitants.

« Le feu ne peut pas atteindre ses racines »

« Nous sommes avec vous, aussi longtemps qu’il le faudra, je le promets », a-t-il déclaré sur place, promettant que la reconstruction se ferait « en s’assurant que vos voix sont écoutées, que vos traditions sont respectées ». « Nous reconstruirons comme le voudront les habitants de Maui », a-t-il insisté, alors que la population locale s’inquiète du possible rachat de terrains sur l’île par des promoteurs désireux d’y construire des résidences onéreuses.

Le démocrate de 80 ans, qui a prononcé un court discours auprès d’un arbre centenaire emblématique de la ville de Lahaina, ex-capitale du royaume d’Hawaï, a voulu y voir un symbole : « Le feu ne peut pas atteindre ses racines. Voilà ce qu’est Maui. Voilà ce qu’est l’Amérique. »

Les habitants de Maui pleurent au moins 114 morts, et le bilan pourrait encore s’alourdir au fur et à mesure que les difficiles opérations de recherche se poursuivront, près de deux semaines après les incendies.

Joe Biden a convoqué, comme souvent en de pareilles occasions, son expérience personnelle du deuil. Rappelant qu’il a perdu sa première épouse et leur fille encore bébé dans un accident de la route en 1972, et qu’il lui avait fallu attendre avant de savoir que ses deux fils, présents dans la voiture, avaient survécu, il a déclaré : « Je connais ce sentiment de beaucoup d’habitants de cette ville, ce sentiment de vide dans la poitrine, qui vous aspire comme dans un trou noir. »

Joe Biden, qui a fait de la compassion son grand marqueur politique, au point d’être décrit comme le « consolateur en chef » de l’Amérique, se voit reprocher de ne pas s’être suffisamment exprimé publiquement sur la catastrophe, qui a considérablement l’actualité américaine ces dernières semaines.

« Pas de commentaire »

« Il n’est pas évident que Biden reçoive un accueil chaleureux chez certains groupes à Maui », avait prévenu le Star Advertiser, un journal d’Honolulu, la principale ville d’Hawaï.  « Le président a été présent dès le premier jour, pour piloter une réponse qui implique tout le gouvernement fédéral », a rétorqué Olivia Dalton, membre du cabinet de Joe Biden, en réponse à certaines critiques venues de l’opposition républicaine.

La droite avait en particulier partagé sur les réseaux sociaux des images datant de la semaine précédente. On y voyait Joe Biden, décontracté, revenant de la plage, interrogé par une journaliste sur le bilan de plus en plus lourd des incendies. « Pas de commentaire », lançait-il seulement avant de monter en voiture. Le président américain a depuis multiplié les communiqués et les promesses d’aide.

La Maison Blanche souligne aussi avec insistance qu’il lui a fallu à peine une heure pour déclarer, le 10 août, un état de catastrophe naturelle majeure à Hawaï, à la demande des autorités locales. Le démocrate va par ailleurs nommer un coordinateur fédéral pour les travaux de reconstruction, qui s’annoncent titanesques. Un millier de personnes n’ont pas encore été localisées, dont une partie pourrait venir alourdir le bilan des victimes décédées.

L’incendie le plus meurtrier depuis plus d’un siècle aux États-Unis

Les critiques portent aussi sur la réponse des autorités locales. La visite présidentielle se déroulera quelques jours seulement après la démission du chef de l’agence de gestion des crises de Maui, accusé de ne pas avoir fait retentir les sirènes d’alarme lors de l’incendie meurtrier ayant ravagé la ville de Lahaina (12 000 habitants), sur la côte ouest de Maui.

Pris de court, certains habitants s’étaient jetés à la mer pour échapper aux flammes.  « Est-ce que j’aurais aimé que les sirènes retentissent ? Bien sûr », a déclaré dimanche le gouverneur Josh Green, tout en expliquant qu’elles n’étaient « historiquement » pas utilisées pour des feux, mais pour les tsunamis et les ouragans.

Face au sentiment d’abandon qui gronde, Joe Biden ne doit pas répéter les erreurs de ses prédécesseurs. Si ces visites auprès de la population sont un passage obligé après une catastrophe, elles peuvent se révéler néfastes pour l’image présidentielle.

Une photo du président George W. Bush survolant la Louisiane sans s’y poser après l’ouragan Katrina en 2005 était devenue le symbole d’une administration déconnectée. Donald Trump avait, lui, été filmé en train de lancer nonchalamment des rouleaux de papier essuie-tout lors d’une visite à Porto Rico après un ouragan en 2017.

L’incendie d’Hawaï est déjà le plus meurtrier depuis plus d’un siècle aux États-Unis. Et le bilan définitif pourrait être bien plus lourd. Environ 85 % de la zone touchée a été couverte par « une armée » de secouristes et chiens renifleurs, à la recherche de corps dans les décombres, a déclaré dimanche Josh Green.

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