Harcèlement scolaire à Versailles : des courriers problématiques envoyés à une cinquantaine de parents, selon Attal

Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation, a rencontré le recteur de l’académie de Versailles le 25 septembre 2023.
Christian Liewig - Corbis / Corbis via Getty Images Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation, a rencontré le recteur de l’académie de Versailles le 25 septembre 2023.

ÉDUCATION - Des dizaines de courriers problématiques identifiés. Le rectorat de Versailles a envoyé l’an dernier 120 courriers « dits de réprobation » à des familles, dont 55 « semblent poser question », a indiqué ce lundi 25 septembre Gabriel Attal, lors d’un point presse après avoir rencontré le recteur.

« Évidemment des travaux vont se poursuivre pour identifier ce qui a mené à l’envoi de ces courriers, et s’il était justifié de les envoyer ou pas », a affirmé le ministre de l’Éducation qui s’est réuni plus tôt dans la journée avec les syndicats rue de Grenelle, en amont de l’annonce d’un plan interministériel sur la lutte contre le harcèlement scolaire.

Cette rencontre faisait suite à la révélation d’un courrier au ton menaçant, envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas, un adolescent qui s’est par la suite suicidé à Poissy, dans les Yvelines, après avoir été victime de harcèlement. Gabriel Attal avait alors qualifié la lettre de « honte ».

Depuis, l’académie de Versailles est sous le feu des critiques. Dans une interview au Parisien dimanche, l’ancienne rectrice, désormais à la tête d’un groupe privé d’enseignement, assure ne pas avoir eu connaissance du courrier, qu’elle qualifie d’« inadmissible », semblant en renvoyer la responsabilité aux seuls services juridiques de l’académie. Elle a présenté « des excuses aux parents de Nicolas ».

« Il y a eu une faute »

« Pourquoi je suis venu ici à Versailles, d’abord pour faire la transparence. De quoi parle-t-on ? On parle d’un courrier, appelé courrier de réprobation, qui est adressé à des personnes lorsqu’il y a des menaces, parfois des menaces sur l’intégrité physique d’agents de l’éducation nationale », a souligné Gabriel Attal ce lundi.

Dans un tel cas, « évidemment que l’institution a vocation à se tenir aux côtés de ses agents et à le faire savoir », a-t-il ajouté.

Cependant, en l’occurrence « ce qui s’est passé, c’est qu’il y a eu une erreur, une faute, c’est que ce courrier était adressé à des familles qui n’auraient pas dû (le) recevoir, dans des situations de harcèlement scolaire, même d’agression sexuelle », a poursuivi le ministre, évoquant un incident « pas acceptable ».

Le plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, lui, avait été annoncé dès juin par Pap Ndiaye après le suicide de Lindsay, 13 ans. Il doit être dévoilé mercredi.

Mettre l’accent sur la prévention

« Le ministre a évoqué différentes pistes, dont celle de la prévention, avec son souhait de mettre l’accent sur la formation des personnels au programme pHARe. Mais attention, ce programme ne peut pas être l’alpha et l’omega », a déclaré à l’AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré.

Il y a aussi « l’idée de faire du 9 novembre (journée nationale de lutte contre le harcèlement) une journée avec des temps banalisés partout en France pour faire une sorte de grand “électrochoc” », a ajouté Béatrice Laurent, secrétaire nationale Unsa-Education.

De son côté, le ministère, qui dit avoir évoqué avec les syndicats « la prévention, la détection et la réaction », s’est félicité d’« un consensus qui a émergé sur le constat et le besoin d’accélérer très massivement sur (leur) stratégie de lutte contre le harcèlement ».

« Le ministre avait proposé une réunion de deux heures qui a duré 2 h 30, donc on sent qu’on est vraiment sur une préoccupation majeure », a relevé Laurent Kaufmann, secrétaire fédéral du Sgen-CFDT.

« Priorité absolue »

Depuis l’été, des mesures ont déjà été instaurées face à cette « priorité absolue » de la rentrée 2023 selon les mots de la Première ministre, Élisabeth Borne : la possibilité de changer d’établissements les élèves harceleurs dès cette année ou de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d’un autre établissement.

Le ministre de l’Éducation entend aller plus loin. Lors d’une visite à Copenhague au Danemark, pays qui fait figure de modèle dans la lutte contre le harcèlement, Gabriel Attal a dit vouloir que la confiscation du téléphone portable de l’enfant auteur de cyberharcèlement grave soit systématique. Il a aussi mis en avant la possibilité d’interdire l’accès aux réseaux sociaux des mineurs mis en cause.

Des mesures également abordées devant les syndicats par Gabriel Attal, qui a aussi dit travailler sur la mise en place d’un questionnaire pour tous les élèves afin de repérer les « signaux faibles » dans la lutte contre le harcèlement, ou sur la création de « brigades » dédiées sur le sujet dans les rectorats.

Le gouvernement revendique d’envoyer des « messages très forts » aux harceleurs, comme en témoigne l’arrestation lundi dernier en plein cours d’un collégien soupçonné de harcèlement à Alfortville, dans le Val-de-Marne.

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