Hamas, EI… quelles sont les organisations terroristes les plus riches du monde ?

Forbes a retracé les sources de financement des organisations terroristes et a déterminé un classement de celles qui génèrent le plus d’argent.

Le drapeau du Hamas flotte sur une maison palestinienne en Cisjordanie (crédit : getty image)
Le drapeau du Hamas flotte sur une maison palestinienne en Cisjordanie (crédit : getty image)

L’attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, a montré ses capacités à s’organiser et à trouver des sources de financement. Pour former les troupes d'abord mais aussi pour acheter des armes nécessaires à une offensive surprise d'ampleur. Son statut d’organisation terroriste l’empêche pourtant d’avoir accès au système bancaire international. Les individus et les organisations qui effectuent des transactions en dollars avec le Hamas s’exposent donc à des poursuites pénales.

Le Hamas est donc passé par d’autres moyens pour collecter l’argent nécessaire à son fonctionnement. Le think thank américain Council for Foreign Relations (CFR) estime qu’il “aurait collecté plus de 12 millions de dollars par mois grâce aux taxes sur les produits égyptiens importés à Gaza” depuis 2021. L’organisation bénéficierait aussi d’aides financières extérieures, comme celle de l’Iran selon le gouvernement américain, et détournerait des aides destinées à la population palestinienne. La Tribune (article réservé aux abonnés) met aussi en avant son recours aux crypto-monnaies qui permettent d’assurer l’anonymat des transactions.

Estimer les revenus réels d’une organisation terroriste n’est pas aisé. Les financements sont opaques et difficiles à retracer. Forbes Israël, qui a mené trois enquêtes sur le sujet dont la dernière a été publiée en janvier 2022, a utilisé plusieurs moyens pour s’en rapprocher. “Les conclusions de cette recherche mondiale sont basées sur des données, des estimations et des expertises telles que publiées ou qui nous sont transmises par divers organismes gouvernementaux et de sécurité, des organisations internationales, des universités et des instituts de recherche”, précise le site. Ont été prises en compte les organisations terroristes classées comme telles par le Département d’Etat américain, équivalent au ministère des Affaires étrangères français.

Les taxes, un important moyen de financement

Les talibans, implantés en Afghanistan et au Pakistan, sont l’organisation terroriste la plus riche au monde. Même avant la prise de contrôle de l’Afghanistan en 2021, le groupe terroriste générait 1,5 milliard de dollars grâce aux taxes et aux autres sources de financement. Suivent les rebelles Houthis (Ansar Allah) présents au Yémen qui taxent les sociétés locales de pétrole notamment. Le Hezbollah, organisation chiite libanaise armée, également présente en Syrie, est à la troisième place.

Bien que l’influence d’Al-Qaïda se soit affaiblie ces dernières années, l’organisation bénéficie d’un important réseau mondial de groupes affiliés. Elle tire ses sources de financement principalement “en exploitant les routes commerciales et en taxant l'industrie de la contrebande (drogue, armes, tabac ou trafic d'êtres humains)”, note Forbes.

Le Hamas, qui occupait la deuxième place du classement en 2014 et la troisième en 2018, est à la cinquième position en 2022. Depuis son élection en 2006 et sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007 au détriment de l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas, le Hamas administre désormais cette région et ses deux millions d’habitants. A ce titre, il reçoit des aides, en plus des autres moyens de financement dont il dispose. Après l'attaque en Israël, Bruxelles a notamment ouvert une vérification pour déterminer si les aides européennes à la Palestine pouvaient avoir été détournées pour financer des activités terroristes.

Les aides des réseaux puissants

Les membres du parti des travailleurs kurdes (PKK) continuent de planifier des attaques contre des cibles policières et militaires en Turquie et de collecter des fonds “en s'appuyant sur un solide réseau de contacts dans de nombreux pays européens”, d’après un rapport d’Interpol de 2021.

De son côté, l’Etat islamique, qui a longtemps été considéré comme l’organisation terroriste la plus riche, a perdu de ses actifs après ses défaites militaires en Syrie et en Irak. Son réseau mondial lui permet tout de même de générer plusieurs millions de dollars, notamment grâce au revenu du commerce illégal de pétrole ou des rançons obtenues après des enlèvements. L’IRA irlandais, en huitième position, tient l'essentiel de ses revenus de la vente de cigarettes et de produits du tabac volés et contrefaits.

La milice chiite pro-iranienne Kata'ib Hezbollah, soumise aux instructions de son chef suprême Ali Khamenei, tire ses sources de financement presque exclusivement du régime. Le jihad islamique palestinien, né dans la bande de Gaza au début des années 1980, est également financé en grande partie par l’Iran. "Le mouvement ne cache pas sa fascination pour le chiisme révolutionnaire incarné par l’Iran ou encore pour la lutte que mène le Hezbollah au Liban contre Israël", détaillait François Ceccaldi, chercheur au Collège de France dans un article pour la revue La vie des idées. Le jihad islamique lutte pour la création d’un Etat islamique palestinien sur le territoire de la Palestine historique et a fait d’Israël son principal adversaire.

VIDÉO - Frontière Israël-Liban : le Hezbollah menace de rejoindre le Hamas dans la guerre