L'ancien ministre Habib Essid nommé Premier ministre en Tunisie

TUNIS/PARIS (Reuters) - L'ancien ministre de l'Intérieur Habib Essid a été chargé lundi de former un nouveau gouvernement en Tunisie après un accord entre les différents partis politiques, a annoncé le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Nacer. Habib Essid, 65 ans, a occupé des fonctions gouvernementales sous le régime de l'ancien président Zine ben Ali mais il a également servi comme ministre de l'Intérieur après la chute de ce dernier, chassé par une révolte populaire début 2011. La désignation d'Habib Essid fait suite à l'élection à la tête de l'Etat de Béji Caïd Essebsi, chef de file de l'alliance laïque Nidaa Tounès et ex-ministre de Ben Ali. Le parti d'Essebsi est arrivé en tête des élections législatives et constitue la principale formation politique du parlement sans toutefois disposer de la majorité. "Nous avons choisi Essid parce qu'il est indépendant et qu'il possède de l'expérience dans les domaines de la sécurité et de l'économie", a commenté Mohamed Nacer. Le nouveau Premier ministre, spécialiste de l'économie agricole dont il a obtenu un master à l'université du Minnesota, va devoir constituer un gouvernement qui devra être approuvé par les députés. Alors que la Tunisie achève sa transition démocratique après s'être dotée d'une nouvelle constitution, d'un nouveau parlement et d'un nouveau président, certains craignent d'assister à un retour au pouvoir des membres de l'ancien régime de Ben Ali et à une remise en question de la "révolution de jasmin". En visite à Paris, le chef du gouvernement en exercice, Mehdi Jomaa, a assuré ne pas craindre de retour en arrière. "Je peux vous assurer que la Tunisie a tourné une page de transition, qui a été parfois peut-être douloureuse, mais très réussie", a-t-il dit à la presse après un entretien avec le Premier ministre français Manuel Valls. "On a un Etat aujourd'hui qui est fondé sur des institutions au-delà des personnes", a-t-il ajouté, précisant qu'il avait personnellement félicité Habib Essid et qu'il se mettait à sa disposition pour réussir la passation de pouvoir. Le parti islamiste Ennahda, vainqueur des premières élections démocratiques en 2011, devenu le deuxième groupe parlementaire, a réagi positivement à la désignation d'Habib Essid. Hamma Hammami, secrétaire général du Front populaire (gauche), a en revanche parlé d'un "message négatif adressé au peuple qui veut vraiment rompre avec l'ancien régime". (Mohammed Agoubi et Tarek Amara à Tunis, Julien Ponthus à Paris,; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)