Guerre en Ukraine: réunion cruciale des alliés de Zelensky, Kiev espère l'envoi de chars lourds

Une journée décisive. Les pays qui soutiennent militairement Kiev tiennent ce vendredi une réunion à Ramstein, en Allemagne, afin de coordoner l'assistance militaire occidentale en faveur de l'Ukraine. Kiev espère voir ses alliés annoncer l'envoi de chars lourds pour l'aider à combattre la Russie.

"Nous attendons des décisions fortes", a prévenu jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son adresse vidéo quotidienne.

La rencontre de ce vendredi réunit l'ensemble des ministres de la Défense et hauts-responsables militaires d'une cinquantaine de pays autour du secrétaire d'État américain à la Défense, Lloyd Austin. Il s'agit de la troisième du genre depuis le début du conflit.

Des livraisons inférieures aux attentes de Kiev

Plusieurs livraisons substancielles d'armes à l'Ukraine ont récemment été annoncées. Washington va débloquer une nouvelle aide militaire de 2,5 milliards de dollars, comprenant 59 blindés Bradley, qui s'ajouteront aux 50 véhicules blindés légers de ce type promis le 6 janvier, et 90 blindés de transport de troupes Stryker. Aucun char lourd de prévu cependant. Les États-Unis affirment ne pas être encore prêts à fournir à Kiev pour des raisons de maintenance et de formation.

Le Royaume-Uni s'est engagé quant à lui à envoyer à l'Ukraine 600 missiles supplémentaires Brimstone, le Danemark 19 canons Caesar de fabrication française, et la Suède des canons automoteurs Archer. Des systèmes qui ont tous une portée de plusieurs dizaines de kilomètres, inférieure à celle réclamée par les Ukrainiens.

Londres avait déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 à Kiev, et la Pologne se dit prête à lui livrer 14 chars de combat Leopard 2 de fabrication allemande, un total encore loin des centaines de ces véhicules dont l'Ukraine dit avoir besoin.

L'Allemagne sous pression

Mais d'autres pays hésitent encore, dont la France qui pourrait n'envoyer qu'un nombre symbolique de chars Leclerc sur le front.

L'Allemagne fait l'objet d'une pression croissante de la part de plusieurs de ses voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard.

Mais Berlin veut attendre que les États-Unis envoient d'abord leurs propres chars avant de livrer les siens. L'image de centaines de chars allemands de la Seconde guerre mondiale pourrait en effet servir la Russie qui justifie l'invasion de l'Ukraine par la nécessité de dénazifier le pays.

L'Ukraine veut 300 blindés

En décembre dernier, l'Ukraine réclamait 300 chars à ses alliés afin de contrer les attaques russes. L'Europe dispose alors de plusieurs options: le Royaume-Uni offre 14 chars Challenger 2, l'Allemagne vient de produire 2000 chars Leopard 2, destinés à la vente, tandis que la France dispose de 200 chars AMX-56 Leclerc en cours de modernisation. Mais leur utilisation est complexe.

"Ils ont besoin d'une chaîne de logistique particulière. Tous ces engins ont au moins 40 ans, c'est devenu très compliqué d'avoir des pièces de rechange", explique à BFMTV notre consultant Défense Michel Goya.

"C'est assez délicat à utiliser et ça demande beaucoup d'entretien", ajoute-t-il.

Des chars qui "ne changeront rien", selon Moscou

La Russie scrute de son côté l'aide militaire apportée à l'Ukraine. "Le Royaume-Uni et les autres pays d'Europe comme la Pologne ne changeront rien sur le front. Ces chars vont brûler, tout comme le reste", a mis en garde lundi le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov.

Si Moscou s'inquiète, c'est parce que certains chars envoyés par les Occidentaux peuvent de fait changer la donne en faveur de Kiev et que l'objectif ukrainien des 300 chars pourrait rapidement être atteint.

Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kiev ne provoque une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe. Un conseiller de Volodymyr Zelensky appelle de son côté ses alliés à cesser de "trembler devant Poutine".

Article original publié sur BFMTV.com