Guerre en Ukraine : Pourquoi l’arrivée de l’hiver pourrait être décisive

Kiev sous une fine couche de neige, ce 17 novembre. L’obstacle antichar a été utilisé par l’artiste Banksy.
SERGEI SUPINSKY / AFP Kiev sous une fine couche de neige, ce 17 novembre. L’obstacle antichar a été utilisé par l’artiste Banksy.

INTERNATIONAL - Sous le ciel gris, les voitures et les obstacles antichars sont recouverts d’une fine pellicule blanche. Ce jeudi 17 novembre, l’Ukraine s’est réveillée avec ses premières neiges. Alors que la guerre déclenchée par la Russie dure depuis bientôt neuf mois, l’arrivée du froid pourrait être déterminante pour la suite du conflit.

Kiev, déjà reboostée par sa contre-offensive victorieuse de l’été et la reprise de Kherson, pourrait profiter des températures négatives après la « raspoutitsa », ce phénomène météo de l’automne qui transforme les terrains en bourbiers et freine l’avancée des troupes. « Une fois le sol gelé, l’Ukraine pourra reprendre sa progression », a expliqué Joseph Henrotin, chercheur à l’Institut de stratégie comparée, dans un entretien au média belge Le Soir.

« Elle a démontré en février être particulièrement efficace par grand froid et tout montre qu’elle anticipe cette période », ajoute le spécialiste des stratégies militaires. Il prend exemple du Canada, qui a fourni 500 000 tenues d’hiver « alors que l’on demande aux troupes russes d’apporter leurs sacs de couchage. Au-delà de l’aptitude ukrainienne à manœuvrer à -15 ou -20 °C, le froid va durement impacter des forces russes mal équipées, avec des apports alimentaires et en carburant insuffisants ».

Vers une reprise des négociations de paix ?

« À partir de – 15 °C, un soldat est en danger de mort s’il n’est pas équipé pour lutter contre le froid et s’il n’est pas nourri correctement », complète Yohann Michel, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies (IISS), dans Le Monde. Or dans certaines régions du pays, la température peut descendre jusqu’à -30 °C, précise le quotidien.

Avec ce froid glacial cependant, pas question de lancer de grandes offensives, même pour l’Ukraine. Avant le retour du printemps et des beaux jours, d’autres stratégies vont être développées par les deux belligérants, ont expliqué des spécialistes au New York Times : Moscou devrait intensifier ses frappes contre les infrastructures, pendant que Kiev pourrait riposter avec des sabotages ou des assassinats ciblés.

Face à ce quasi-statu quo sur le terrain et à la position difficile de Moscou, dépassée par les succès de Kiev, le chef d’état-major américain Mark Milley a estimé qu’il était temps de relancer les discussions pour trouver un accord de paix. Les négociations sont au point mort depuis plusieurs mois.

Les Ukrainiens s’apprêtent à passer un hiver dans le noir

Pour lui, le ralentissement des combats permet d’ouvrir « une fenêtre » vers une solution politique alors que la situation semble dans l’impasse. Mike Milley pense en effet que pousser la Russie hors de l’Ukraine sera « une tâche très difficile ». Dans le même temps, la probabilité d’une défaite de Kiev « est proche de zéro », a-t-il déclaré en conférence de presse mercredi, selon des propos rapportés par le Washington Post.

« La Russie est sur le dos. L’armée russe est vraiment en train de souffrir », a assuré le chef d’état-major, qui insiste : « Vous devez négocier quand vous êtes en position de force et que votre adversaire est faible. ». Ces propos, déjà prononcés une semaine plus tôt, avaient provoqué la colère de l’Ukraine qui promet de reconquérir tous les territoires occupés.

Mais a-t-elle le choix ? Si sur le terrain militaire, l’avantage penche de son côté, l’arrivée de l’hiver risque de mettre les nerfs de la population à rude épreuve. Car pour « préserver la stabilité du système énergétique » sous tension entre les températures négatives et les frappes russes incessantes contre les infrastructures, le fournisseur d’énergie Ukrenergo a annoncé l’extension des coupures d’électricité.

En parallèle, la Russie lui met la pression et assure que si des milliers d’Ukrainiens sont dans le noir et le froid, « c’est la conséquence du manque de la volonté de la partie ukrainienne de régler le problème, d’entamer des négociations, son refus de chercher un terrain d’entente », a tranché le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov ce jeudi. Pour Moscou, la balle est dans le camp de Kiev.

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