Guerre en Ukraine : Mort de deux humanitaires près de Bakhmout, que sait-on ?

 Anthony Ihnat et Emma Igual travaillaient tous deux pour l’ONG Road to Relief en Ukraine.
HANDOUT / AFP

UKRAINE - Un conflit qui fait rage et continue de tuer. Deux travailleurs humanitaires ont trouvé la mort près de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, ce samedi 9 septembre, dans une attaque attribuée par Kiev aux troupes russes qui a fait également deux blessés.

« Ce bombardement russe montre une fois de plus à quel point la guerre est proche pour tous les citoyens du monde », a commenté dimanche soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant cette « attaque d’une voiture de volontaires par les terroristes russes ». Voici ce que l’on sait de cette tragédie.

• Une attaque de drone près de Bakhmout

Ce samedi 9 septembre, quatre travailleurs humanitaires de l’ONG Road to Relief avaient pris la route depuis Sloviansk vers Bakhmout. Ils se rendaient sur place pour réaliser une expertise humanitaire, dans cette zone lourdement touchée par les affrontements.

Selon les informations de l’ONG Road to Relief, leur véhicule a été pris dans l’attaque d’un drone russe, qui s’est déroulée près de Bakhmout dans le courant de la matinée. L’un des passagers blessés, Johan Mathias Thyr, a déclaré au quotidien suédois Expressen que l’engin visait vraisemblablement le conducteur.

« Nous nous sommes renversés et le véhicule a pris feu. Nous avons été aidés par des soldats qui nous ont conduits à l’hôpital. C’est arrivé si vite. Il n’a fallu qu’une minute, du moment où nous avons percuté le fossé jusqu’à ce que la voiture soit enveloppée par les flammes », a témoigné le Suédois, hospitalisé à Dnipro.

L’attaque a eu lieu à Tchassiv Yar, où le journaliste de l’AFP Arman Soldin a été tué par une frappe russe en mai dernier.

• Qui sont les victimes ?

Les victimes décédées sont Emma Igual et Anthony Ihnat. Originaire de Barcelone, l’Espagnole avait 32 ans. Elle était la cofondatrice de l’ONG Road to Relief, fondée en mars 2022, peu après le début de la guerre en Ukraine, et qui se consacre principalement à l’évacuation de civils loin de la ligne de front.

Dans un entretien au Jewish Chronicle publié en juillet, elle expliquait que sa grand-mère juive avait fui l’Autriche pendant la Seconde Guerre mondiale et avait été adoptée en Espagne après avoir perdu toute sa famille dans les camps d’extermination. « J’ai grandi avec cette histoire, ressentant ce que cela devait faire d’être un réfugié ou d’être orphelin. J’étais déterminée à aider les gens se trouvant dans une situation similaire », avait-elle témoigné.

La seconde victime est Anthony Ihnat, 58 ans. Surnommé « Tonko », le Canadien s’était porté volontaire à plusieurs reprises dans différentes associations humanitaires, qui ont salué son courage. « Il a aidé à porter des bagages à la frontière polonaise, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, reconstruire des écoles, en plus de participer à des opérations d’évacuation », lui rend hommage l’ONG Brave to Rebuild sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, Road to Relief a indiqué que deux de ses membres avaient été « blessés par des éclats et des brûlures ». Outre Johan Mathias Thyr, Ruben Mawick, de nationalité allemande, et Johan Mathias Thyr, est également hospitalisé dans un état « stable ».

  • Quelle réaction des autorités espagnoles et canadiennes ?

« L’Espagne est au côté de ses travailleurs humanitaires qui, par leur dévouement, mettent leur vie en danger pour les autres », a réagi dimanche sur X le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, faisant part de son soutien aux proches de la victime.

De son côté, le Canada a confirmé la mort d’un de ses ressortissants, sans vouloir donner davantage de détails.

• Où en est la contre-offensive Ukrainienne ?

« Nous avons fait des progrès sur le champ de bataille la semaine dernière », a assuré ce dimanche 10 septembre sur Twitter le Président Ukrainien Volodymyr Zelensky. Les forces ukrainiennes « poursuivent leurs opérations offensives dans le Sud » et « ont enregistré des succès au sud de Robotyné (localité reprise aux Russes fin août) et à l’ouest de Verbové », a ensuite déclaré à la télévision publique la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar, ce lundi 11 septembre.

C’est dans cette zone de la région de Zaporijjia que Kiev dit avoir « percé la première ligne de défense » russe, ouvrant ainsi la voie à son offensive vers les villes de Tokmak et Melitopol, importantes pour la logistique de l’armée russe. Dans la région de Bakhmout, « des progrès ont été faits » également et l’armée ukrainienne « a remporté quelques succès dans la zone de Klichtchiïvka et Andriïvka », a précisé la vice-ministre dans son point hebdomadaire.

« Au cours de la semaine dernière, environ 2 km2 de territoire ont été libérés » près de Bakhmout, et « au total, 49 km2 ont été libérés » sur les flancs de la ville depuis le début de la contre-offensive ukrainienne en juin, selon Ganna Maliar. L’armée ukrainienne a également « pris une partie d’Opytné », un village proche de la ville d’Avdiïvka, un autre point chaud du front, a-t-elle ajouté.

La contre-offensive ukrainienne lancée en juin s’est heurtée à de puissantes lignes de défense construites par les Russes, faites notamment de champs de mines et de pièges anti-chars, mais Kiev espère une percée dans le sud dans le secteur de Robotyné.

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