Guerre en Ukraine : la mer Noire, nouvelle zone stratégique de Kiev pour contrer la Russie

Le BSF 142 Novotcherkassk détruit par l’armée ukrainienne, photographié ici au large d’Istanbul, le 21 décembre 2020.
OZAN KOSE / AFP Le BSF 142 Novotcherkassk détruit par l’armée ukrainienne, photographié ici au large d’Istanbul, le 21 décembre 2020.

INTERNATIONAL - Face aux galères de sa contre-offensive terrestre, Kiev s’en remet à sa stratégie maritime au large de la Crimée. À ce titre, l’armée de l’air ukrainienne a annoncé ce mardi 26 décembre la destruction du Novotcherkassk, grand navire de débarquement russe.

Zelensky reconnaît que la Russie « stoppe la contre-offensive » grâce à sa supériorité sur un plan

Soupçonné de transporter des drones iraniens Shaheds utilisés par Moscou pour sa guerre en Ukraine, le Novotcherkassk a été endommagé par les pilotes de l’armée de l’air ukrainienne durant la nuit à Feodossia, ville de Crimée qui abrite une importante base navale russe.

L’information a depuis été confirmée par Moscou et le président russe Vladimir Poutine a été informé par son ministre de la Défense Sergueï Choïgou des « dégâts » subis par le navire. Plus tôt, Sergueï Choïgou avait indiqué que ce navire de débarquement avait été « endommagé dans la nuit lors d’une attaque des forces armées ukrainiennes avec recours à des missiles de croisière ».

Selon l’expert français Xavier Tytelman, il s’agit « du troisième navire de cette classe touché en mer noire en 2023 ».

Cette attaque a fait un mort et deux blessés et a endommagé six immeubles, selon le gouverneur de Crimée, Sergueï Aksionov. De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a sous-entendu que le bateau avait été coulé en saluant -avec sarcasme- l’« ajout d’un nouveau navire à la flotte russe sous-marine en mer Noire ».

« Exploit remarquable »

Les exemples de frappes ukrainiennes en Crimée occupée se sont multipliés ces derniers mois. Une conséquence directe de l’échec partiel de la contre-offensive terrestre ukrainienne longtemps attendue, mais dont les résultats restent très modestes depuis le 8 juin.

L’Ukraine procède donc fréquemment à des frappes dans cette région annexée. Une tactique déjà présente depuis les premiers mois de la guerre : en avril 2022, Kiev avait réussi à envoyer par le fond le croiseur Moskava, navire amiral de la flotte russe en mer Noire.

Le but de Kiev étant d’écarter la flotte militaire russe des côtes ukrainiennes. Les récents progrès de cette stratégie militaire ont d’ailleurs été loués par Volodymyr Zelensky, qui a évoqué une « grande victoire de l’Ukraine en mer Noire ».

Au sud, la mer Noire devient une zone de guerre hautement stratégique pour l’Ukraine.
AFP Au sud, la mer Noire devient une zone de guerre hautement stratégique pour l’Ukraine.

Car malgré la supériorité de la flotte de Moscou dans cette zone géographique, les forces ukrainiennes peuvent se targuer d’avoir éloigné les navires russes présents dans le sud-ouest de la mer Noire. Résultat ? Kiev est en mesure de rouvrir un couloir maritime pour exporter ses céréales.

L’AFP mentionne à ce titre la tribune publiée par deux experts américains sur le site Defense News, qui évoque un « exploit remarquable car l’Ukraine est pratiquement dépourvue de navires de guerre ».

Seul véritable succès de 2023

La destruction du Novotcherkassk s’ajoute donc aux « 12 bateaux russes » détruits et aux 22 autres endommagés par Kiev depuis le début de l’invasion, selon les chiffres fournis par le porte-parole de la Marine ukrainienne.

Mais avec un peu de recul, force est de constater qu’il s’agit du seul succès militaire majeur de Kiev cette année. Malgré plusieurs retraits importants des Russes en 2022, la ligne de front est restée quasiment inchangée en 2023 et ces dernières semaines les troupes de Moscou ont renforcé la pression sur les fronts Est et Sud.

Mais en visant la flotte et les installations militaires russes de Crimée, l’Ukraine a la possibilité d’enrayer la machine de guerre russe car cette région annexée depuis 2014 sert de couloir d’approvisionnement pour les troupes russes installées dans le sud de l’Ukraine. Raison pour laquelle Kiev y a multiplié les attaques contre des installations militaires.

Le meilleur exemple étant la frappe spectaculaire contre le siège de la flotte russe à Sébastopol, qui a forcé Moscou à éloigner ses navires vers Novorossiïsk et Touapsé. Une avancée militaire permise par la fabrication et la livraison de « systèmes de missiles anti-navire », dont la portée peut atteindre 300 kilomètres.

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