Guerre en Ukraine : L’arme nucléaire de plus en plus évoquée en Russie

Fervent allié de Vladimir Poutine, le leader tchétchène Ramzan Kadyrov invite la Russie à utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Une demande qui se fait de plus en plus bruyante à Moscou (photo d’archive prise en septembre 2016 à Moscou).
Mikhail Svetlov / Getty Images Fervent allié de Vladimir Poutine, le leader tchétchène Ramzan Kadyrov invite la Russie à utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Une demande qui se fait de plus en plus bruyante à Moscou (photo d’archive prise en septembre 2016 à Moscou).

Mikhail Svetlov / Getty Images

Fervent allié de Vladimir Poutine, le leader tchétchène Ramzan Kadyrov invite la Russie à utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Une demande qui se fait de plus en plus bruyante à Moscou (photo d’archive prise en septembre 2016 à Moscou).

GUERRE EN UKRAINE - C’est une menace qui est agitée avec régularité depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, mais qui revient particulièrement ces jours-ci. Depuis que la Russie a reconnu les référendums illégaux sur l’annexion de plusieurs territoires ukrainiens et que l’armée locale a commencé à progresser aux dépens des troupes de Moscou, l’idée d’employer l’arme nucléaire se fait de plus en plus pressante.

Ainsi, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, fervent soutien de Vladimir Poutine, a appelé ce samedi 1er octobre le Kremlin à utiliser « des armes nucléaires de faible puissance » contre les Ukrainiens. L’idée est en effet de dire que les terres annexées font désormais partie de la Russie, et qu’à ce titre, tous les moyens sont bons pour protéger le territoire national.

« Il faut mener ’l’opération militaire spéciale’ (il est interdit de parler de guerre ou d’invasion en Russie, ndlr) au sens plein du terme, et non s’amuser à jouer », a notamment insisté Ramzan Kadyrov, très critique envers la manière dont le commandement russe agit dans les zones annexées. Tant et si bien que pour lui, il faut agir de manière « drastique » et donc frapper au moyen d’armes nucléaires stratégiques, mais aussi déclarer la loi martiale dans les territoires frontaliers.

Une petite musique qui monte, malgré les condamnations

Des demandes qui font écho à une petite musique de plus en plus audible en Russie ces dernières semaines. Dans son discours d’annonce de mobilisation partielle, déjà, Vladimir Poutine avait ainsi laissé entendre qu’il pourrait avoir recours à ces armes nucléaires. Moscou est prête à utiliser « tous ses moyens » pour « protéger la Russie et notre peuple », déclarait-il notamment, une manière d’agiter sans la nommer l’arme nucléaire.

Des propos appuyés par le ministre des Affaires étrangères et face auxquels l’Ukraine a fait part de son indignation. « Ces déclarations irresponsables sur l’usage possible d’armes nucléaires sont absolument inacceptables », a par exemple tweeté Dmytro Kuleba, le chef de la diplomatie ukrainienne. « L’Ukraine ne cédera pas. Nous demandons à toutes les puissances nucléaires de dénoncer la Russie et de signifier que cette rhétorique intolérable met le monde entier en péril. »

Une sortie qui n’empêche pas l’opinion russe d’être matraquée à longueur de journée sur cette perspective peu réjouissante. Comme le rapporte le journaliste de la BBC Francis Scarr, en charge du suivi des médias russes, sur la chaîne de télévision NTV, un polémiste pro-Kremlin du nom de Maxim Yusin a ainsi évoqué la possible fin de l’Humanité.

« Les gens devraient s’amuser parce que ce serait dommage de ne pas profiter des derniers jours qui nous restent à vivre », a-t-il par exemple lancé, évoquant clairement le spectre d’une menace nucléaire. Et pour cause, à l’entendre il serait indigne que la Russie se laisse éteindre à petit feu alors qu’elle est une puissance nucléaire, « un ours nucléaire », comme il l’appelle. Et que quitte à perdre une guerre, elle devrait à cet égard emporter tout le monde dans sa chute.

Les préparatifs d’une telle frappe seraient détectés

Autant d’appels à recourir aux armes nucléaires qui pour l’instant ne semblent pas inquiéter outre mesure les experts et la communauté internationale. « Il y a un risque, étant donné la légèreté et l’attitude guerrière avec laquelle Vladimir Poutine en parle », mais « nous ne voyons présentement pas d’indications d’un usage imminent d’armes nucléaires », a notamment déclaré vendredi 30 novembre à la presse Jake Sullivan, le conseiller pour la sécurité nationale de la Maison Blanche. D’autant, a-t-il ajouté, que les États-Unis ont été « très clairs sur ce que seraient les conséquences » de telles frappes.

De la même manière, auprès de l’AFP, Pavel Podvig, chercheur à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir) à Genève, se montre rassurant, expliquant que les États-Unis seraient au courant si jamais la Russie préparait réellement une attaque nucléaire contre l’Ukraine.

Ce que corrobore, toujours chez l’AFP, Mark Cancian, ancien fonctionnaire américain et désormais expert sur le sujet. Selon lui, entre le déplacement des armes nucléaire et la fourniture d’équipement de protection aux troupes russes qui seraient détectés, et la crainte d’une attaque préventive de l’Occident en cas de préparatifs réels, les contraintes sont trop nombreuses pour que la Russie puisse se permettre d’agir en toute discrétion.

En effet, les différents sites de stockage de ces armes nucléaires en Russie sont constamment surveillés par des satellites du renseignement américain, mais aussi d’autres pays. C’est notamment par ce biais que Washington a un œil sur l’avancement de la Corée du Nord en matière de nucléaire. Et si la Russie a disposé des armes nucléaires longue portée sur différents équipements stratégiques (sous-marins, missiles…) qui sont donc plus compliqués à surveiller, Pavel Podvig n’envisage pas que Moscou fasse usage de ces outils terriblement destructeurs en Ukraine, mais plutôt d’armes (nucléaires tout de même) de courte portée qui pourraient par exemple être lancées grâce à un missile balistique.

Enfin, Pavel Podig ajoute que des préparatifs discrets de la Russie seraient de toute façon contraires à sa stratégie depuis le début du conflit, et que Moscou a tout intérêt à utiliser la mise en branle de son armement nucléaire comme d’un avertissement particulièrement puissant pour l’Occident. « Ce serait une sorte de pas en avant dans l’escalade (et) la Russie voudrait que cela soit visible. » Le reste du monde beaucoup moins.

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