Guerre en Ukraine, Gaza, Trump... Que faut-il attendre du discours de Joe Biden sur l'état de l'Union?
Une prise de parole pour clôturer un chapitre et en préparer un nouveau. Le président américain Joe Biden doit prononcer, ce jeudi 7 mars à 2h du matin heure française, son "discours sur l'état de l'Union", un rendez-vous annuel à forts enjeux pour l'homme fort de la Maison Blanche.
Le discours de cette année, le dernier du mandat du démocrate, doit souligner les grandes avancées de son administration et ses objectifs pour les mois à venir, tout en rassurant ses troupes sur ses capacités à assurer une potentielle réélection, lui dont les capacités cognitives et bourdes à répétition sont devenus une arme de ses adversaires Républicains.
"Je vous parlerai de nos progrès et de nos projets"
"Vous m'avez choisi pour faire le boulot, construire une économie qui profite à tout le monde, offrir une vie meilleure aux familles. Demain, je vous parlerai de nos progrès et de nos projets", a écrit en préambule le démocrate de 81 ans à l'intention de ses compatriotes sur le réseau social X.
Fourbu à cet exercice, celui qui devrait selon toute vraisemblance être intronisé comme candidat démocrate pour la prochaine présidentielle, vient de passer trois jours reclus dans sa résidence de Camp David pour plancher sur son allocution.
Se différencier de Donald Trump
Cette année, les thèmes seront variés. Outre les questions nationales, les regards seront inévitablement tournés vers la bande de Gaza, le soutien américain à Israël est de plus en plus critiqué, et la guerre en Ukraine, pour laquelle une partie du Congrès américain rechigne a débloquer des fonds en direction de Kiev. Les relations avec la Chine devraient également être abordées.
Surtout, Joe Biden va vouloir se différencier de Donald Trump, son plus grand rival pour le prochain scrutin national. Via médias interposés, les deux hommes ne cessent de s'invectiver depuis maintenant plusieurs semaines.
"Il veut aborder toutes les thématiques qui le feront se différencier de son adversaire. Donald Trump est sur un rapport de puissance là où Biden est sur un rapport de valeurs, des valeurs auxquelles il croit", explique auprès de Ouest-France Pierre Bourgois, maître de conférences en science politique à l’Université catholique de l’Ouest à Angers.
Pour sa part, Donald Trump a promis de son côté de "corriger" le discours en direct. Le magnat de 77 ans réclame surtout de débattre "n'importe où, n'importe quand" avec Joe Biden, sans attendre qu'ils soient investis cet été par les conventions des partis démocrate et républicain.
Tradition américaine
D'où vient cette tradition du discours de l'état de l'Union. À l'origine, la Constitution américaine, qui prévoit que le président "informe périodiquement le Congrès de l'état de l'Union". Le premier président américain, George Washington, s'est acquitté de cette obligation avec le plus court discours à ce jour: un peu plus de 1.000 mots, contre plus de 9.000 l'an dernier pour Joe Biden.
Ses successeurs se sont le plus souvent contentés de messages par écrit, et il a fallu attendre Woodrow Wilson, en 1913, pour que s'établisse peu à peu le rituel d'une apparition solennelle devant l'ensemble des parlementaires.
Le terme de "discours sur l'état de l'Union" s'est imposé après la Seconde Guerre mondiale. "C'est certainement l'un des discours présidentiels les plus attendus de l'année, dit, à l'AFP, Terry Szuplat, ancien collaborateur de Barack Obama.
Justement, l'ancien président démocrate avait tenté, lors de son mandat, de ramener son intervention à trente minutes, en vain: "les pressions sont trop grandes" pour mentionner à la fois la santé, l'éducation, la politique étrangère, l'environnement, le pouvoir d'achat, l'immigration, la sécurité, la technologie...
L'an passé, faisant fi de son âge avancé, Joe Biden avait parlé pendant plus de 70 minutes. Le record est détenu par l'ancien président Bill Clinton: 1 heure et 28 minutes, en 2000.
Joe Biden désignera jeudi un "survivant", un membre de son administration qui n'assistera pas au discours, au cas où les plus hauts représentants des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, tous réunis au Capitole, devaient être décimés.
La Maison Blanche invite aussi des personnalités ou simples citoyens incarnant ses priorités politiques. Cette année, ce sera notamment la défense du droit à l'avortement, mais aussi l'ex-otage su Hamas après les attaques du 7 octobre en Israël, Mia Schem.