Bourdes à répétition, "mauvaise mémoire"... Joe Biden peut-il être destitué en raison de ses capacités cognitives?

Un procureur chargé d'enquêter sur la mauvaise gestion de documents classifiés par Joe Biden a pointé dans son rapport la "mauvaise mémoire" du président démocrate. Les républicains le jugent "inapte" à être à la tête des États-Unis.

La nouvelle aurait dû réjouir Joe Biden. Le procureur spécial Robert Hur, nommé pour enquêter sur sa mauvaise gestion de documents classifiés, a annoncé ce jeudi 8 février qu'il ne poursuivrait pas le président américain.

Mais la raison invoquée a fait l'effet d'une bombe politique. En conclusion d'un long rapport, le magistrat avance qu'une "inculpation ne se justifierait pas" contre un "homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".

Évoquant un échange de plusieurs heures avec le dirigeant démocrate, Robert Hur indique que Joe Biden "ne se souvenait plus quand il était vice-président", ni l'année exacte du décès de son fils aîné Beau.

Un coup dur pour la campagne de Joe Biden

Le rapport tombe comme un couperet sur la campagne du dirigeant démocrate, candidat à sa réélection, et apporte une caution à ses détracteurs qui le jugent trop âgé pour gouverner. À 81 ans, Joe Biden multiplie les bourdes oratoires et les moments de confusion. Ce dimanche 4 février, il a par exemple confondu Emmanuel Macron avec François Mitterrand.

"Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang (...) Je n'ai pas de problèmes de mémoire", s'est défendu Joe Biden, en colère, lors d'une allocution organisée à la dernière minute dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais à la fin de sa prise de parole, il a commis une ultime bourde en parlant du chef d'État égyptien, le maréchal al-Sissi, comme du "président mexicain".

Il n'en fallait pas plus pour que les républicains s'engouffrent dans la brèche. Dans un communiqué, l'état-major républicain à la Chambre des représentants a jugé Joe Biden "inapte" à diriger le pays.

Des républicains invoquent le 25e Amendement

"Lorsque l'on n'a pas les facultés requises pour être jugé (...), on n'a certainement pas les facultés requises pour être dans le Bureau Ovale", a asséné le chef de file des élus républicains Mike Johnson, un proche de Donald Trump. "Un homme âgé à la mauvaise mémoire n'a pas à avoir les codes nucléaires", a encore insisté Kevin Hern, parlementaire républicain de l'Oklahoma. Des élus du camp républicain vont jusqu'à réclamer la mise en œuvre du 25e amendement de la Constitution, qui permet de mettre fin aux fonctions du président si ce dernier n'est plus en mesure de les assumer.

Pour Simon Grivet, maître de conférences en histoire des États-Unis à l'université de Lille, les déclarations des républicains n'iront pas plus loin que la simple agitation politique.

"Pour activer cet amendement, il faut l'accord de la vice-présidente et d'une majorité des membres du cabinet (ministres) de l'administration Biden", rappelle le spécialiste auprès de BFMTV.com. L'option est donc hautement improbable.

Des procédures vouées à l'échec

Selon Simon Grivet, le 25e Amendement a été pensé "pour des cas d'extrême urgence, si le président fait un AVC ou tombe dans le coma" et n'a jamais été utilisé dans l'histoire américaine.

Toutefois, le simple fait que cet amendement soit brandi en dit long sur les inquiétudes qui entourent Joe Biden. "La dernière fois que la question s'était posée, c'était à la fin du second mandat de Ronald Reagan, quand le président républicain était caricaturé en vieil homme gâteux", souligne l'enseignant.

D'autres élus, comme la trumpiste Marjorie-Taylor Greene, réclament une procédure d'impeachment contre Joe Biden, déjà visé par une enquête en destitution en décembre dernier. Mais la manœuvre a encore moins de chance d'aboutir.

"La Constitution américaine prévoit que le Congrès peut destituer le président en cas de 'trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs'. La santé du président ne fait pas partie des motifs valables", balaye Simon Grivet.

Quand bien même une procédure d'impeachment était lancée, elle n'aurait aucune chance d'aboutir, le Sénat, qui doit voter la destitution en dernier ressort, étant dominé par les démocrates.

Si Joe Biden va selon toute vraisemblance mener son mandat à son terme, sa campagne pour sa réélection s'annonce délicate tant le rapport du procureur Hur donne du grain à moudre aux partisans de Donald Trump.

L'ancien président républicain, habitué des propos décousus et des déclarations farfelues, a lui aussi eu ses moments de confusion. Mais ces derniers affectent beaucoup moins sa campagne, le milliardaire jouissant d'une popularité inoxydable auprès de ses partisans.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Un procureur qualifie la mémoire de Joe Biden comme défectueuse