Guerre en Ukraine : la France condamne « avec fermeté » l’attaque russe sur les infrastructures portuaires

Cette photo publiée par les services d’urgence ukrainiens le 2 août 2023 montre un bâtiment endommagé dans un port ukrainien sur le Danube, après une attaque nocturne de drones russes dans la région d’Odessa.
Cette photo publiée par les services d’urgence ukrainiens le 2 août 2023 montre un bâtiment endommagé dans un port ukrainien sur le Danube, après une attaque nocturne de drones russes dans la région d’Odessa.

UKRAINE - « De tels actes sont constitutifs de crimes de guerre. » Dans un tweet, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a dénoncé la nouvelle attaque de drones russes qui a « endommagé » 40 000 tonnes de céréales en Ukraine ce mercredi 2 août. « La France condamne avec la plus grande fermeté la nouvelle vague de frappes russes sur l’Ukraine » a ajouté le Quai d’Orsay dans un communiqué.

Cette offensive particulièrement stratégique a visé des infrastructures portuaires du Danube, devenues cruciales pour les exportations de céréales à l’international. Les céréales détruites étaient attendues « par les pays africains, la Chine et Israël » assure Oleksandr Koubrakov, le ministre ukrainien des Infrastructures.

« La Russie fait une fois de plus délibérément courir un risque sur la sécurité alimentaire mondiale en détruisant des infrastructures essentielles à l’exportation de céréales », complète le ministère des Affaires étrangères français. « Elle ne fait que rechercher son propre intérêt aux dépens des populations les plus vulnérables en faisant monter les prix des produits agricoles et en essayant d’empêcher un de ses principaux concurrents d’exporter ses productions. »

Des hangars céréaliers touchés selon l’armée ukrainienne

Deux ports fluviaux ukrainiens frontaliers de la Roumanie, Reni et Izmaïl, dans la région d’Odessa, sont devenus la principale voie de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que Moscou a mis fin à l’accord céréalier qui permettait à Kiev d’exporter ses céréales en dépit de la guerre.

Ceux-ci sont donc devenus une cible pour Moscou et dans la nuit du 1er au 2 août, c’est Izmaïl qui a été frappé selon l’armée, qui a diffusé des images d’installations encore fumantes au petit matin. Le 24 juillet, Reni avait déjà subi les bombardements russes.

Le procureur général d’Ukraine a indiqué dans un communiqué que « les installations portuaires et l’infrastructure industrielle sur le Danube » ont été touchées, endommageant notamment un élévateur, des hangars de céréales, des bâtiments administratifs et des entrepôts. Aucune victime n’est cependant à déplorer, selon le gouverneur de la région, Oleg Kiper.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé une mise en garde à son homologue russe Vladimir Poutine par téléphone, en lui demandant « de ne prendre aucune mesure risquant de provoquer une escalade des tensions » en mer Noire. Il a aussi souligné « l’importance » de l’accord céréalier duquel Moscou s’est retiré en juillet, qu’il considère comme un « pont pour la paix », selon la présidence turque.

Selon le Kremlin, Vladimir Poutine a de son côté demandé le soutien de Recep Tayyip Erdogan pour exporter les céréales russes, tout en réitérant son refus de relancer l’accord avec l’Ukraine.

Le président Roumain évoque des « crimes de guerre »

Les « attaques continues de la Russie contre l’infrastructure civile ukrainienne sur le Danube, à proximité de la Roumanie, sont inacceptables », a réagi mercredi le président roumain Klaus Iohannis sur Twitter, récemment rebaptisé « X », dénonçant comme la France des « crimes de guerre ».

« Le monde doit réagir », a lancé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant « les terroristes russes (qui) frappent à nouveau les ports, les céréales et la sécurité alimentaire mondiale ».

Les autorités ukrainiennes ne donnent que très peu d’informations et d’accès aux ports du Danube du fait de leur caractère stratégique, si bien qu’il n’est pas possible de dire ce mercredi à quel point les exportations allaient être affectées.

Avant d’attaquer les ports du Danube, les forces russes avaient frappé ces dernières semaines les ports ukrainiens de la mer Noire, particulièrement Odessa, d’où étaient auparavant exportées les céréales ukrainiennes.

Drones contre drones

Cette nuit, une autre importante attaque de drones explosifs a visé Kiev. Selon le chef de l’administration militaire de la capitale, Serguiï Popko, des drones « Shahed » provenant de plusieurs directions ont pénétré simultanément dans le ciel de la ville mais « toutes les cibles - plus de dix drones - ont été détectées et détruites à temps ».

Mardi, la Russie avait affirmé avoir déjoué une vague d’attaques de drones aériens et marins ukrainiens contre Moscou, la péninsule annexée de Crimée et la flotte russe en mer Noire. Un gratte-ciel du quartier financier de la capitale russe a été touché, pour la deuxième fois en quelques jours.

Les attaques contre Moscou et ses environs se sont multipliées depuis le printemps, une incursion de drone ayant même visé le Kremlin en mai. En réponse, le ministre russe de la Défense a annoncé lundi que Moscou intensifiait ses frappes en Ukraine.

En outre, Moscou a annoncé mercredi entamer des manœuvres navales impliquant des dizaines de navires de guerre en Baltique, mer essentiellement bordée par les pays de l’Otan que Moscou considère comme une menace existentielle.

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre en Ukraine : après les attaques de drones en Russie, la ville natale de Zelensky frappée par des missiles

Au Niger, l’évacuation des Français va débuter « aujourd’hui », annonce Paris