Guerre en Ukraine : Evguéni Prigojine, patron de Wagner, accuse la Russie de "trahir ses mercenaires"

(FILES) In this file photo taken on July 04, 2017 Russian businessman Yevgeny Prigozhin looks on prior to a meeting with business leaders held by Russian and Chinese presidents at the Kremlin in Moscow. (Photo by Sergei ILNITSKY / POOL / AFP)

Les paramilitaires du groupe Wagner sont en concurrence sur le terrain avec les soldats russes. Les tensions entre les deux sont de plus en plus fortes.

INTERNATIONAL - La tension monte encore d’un cran entre l’armée russe et les mercenaires de Wagner. Le patron du groupe paramilitaire russe Evguéni Prigojine a accusé ce mardi 21 février l’état-major de son pays de commettre une « trahison » en refusant selon lui de fournir du matériel à ses mercenaires, en première ligne dans l’est de l’Ukraine.

Ces déclarations de l’homme d’affaires marquent une escalade dans le conflit qui oppose son groupe Wagner à l’armée russe, qui apparaissent en concurrence sur le terrain en Ukraine. Les tensions sont devenues de plus en plus visibles ces dernières semaines, alors que les forces russes tentent de s’emparer de la ville de Bakhmout (est), l’armée et Wagner revendiquant chacun des avancées en se contredisant parfois.

« Le chef d’état-major et le ministre de la Défense distribuent des ordres à tout-va demandant non seulement de ne pas donner de munitions au groupe paramilitaire Wagner, mais également de ne pas l’aider en matière de transport aérien », a grondé Evguénie Prigojine dans un enregistrement vocal publié par son service de presse sur Telegram.

« Une opposition frontale » de l’armée à Wagner

« Il y a une opposition frontale, qui n’est rien de moins qu’une tentative de détruire Wagner. Cela peut être assimilé à une trahison de la patrie, alors que Wagner combat pour Bakhmout, essuyant des pertes par centaines chaque jour », a-t-il ajouté.

Si Evguénie Prigojine a plusieurs fois critiqué le haut commandement russe dans le passé, cette attaque ad hominem contre le chef d’état-major Valéri Guerassimov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, deux des principales figures du pouvoir de Vladimir Poutine, est clairement une escalade.

Le ministère russe de la Défense a répondu dans la soirée avec un communiqué détaillant le nombre de munitions fournies aux « escadrons d’assaut volontaires », le nom que l’armée semble utiliser pour qualifier les hommes de Wagner.

« Toutes les demandes de munitions pour les unités d’assaut sont satisfaites dès que possible », a assuré le ministère, promettant de nouvelles livraisons dès samedi et dénonçant comme « absolument fausses » les informations faisant état d’un manque en la matière.

Des milliers de prisonniers dans les rangs de Wagner

Le ministère a une nouvelle fois salué le « courage » et « l’abnégation » des « volontaires » russes au combat et dénoncé les « tentatives de diviser », qui sont « contre-productives et qui ne font que jouer en faveur de l’ennemi ».

Ces tensions illustrent aussi les difficultés que rencontrent les forces russes à trois jours de l’anniversaire du déclenchement de l’offensive contre l’Ukraine, censée s’achever rapidement par la prise de Kiev et désormais enlisée.

Wagner, qui a recruté des milliers de prisonniers pour combattre en Ukraine, mène l’assaut sur Bakhmout depuis l’été et a récemment conquis une série de localités avoisinantes pour tenter d’encercler la ville. Mardi, Evguénie Prigojine a accusé le haut commandement d’avoir même interdit de livrer aux combattants de Wagner des « pelles qui leur permettent de creuser des tranchées ».

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