Guerre en Ukraine : la contre-offensive contre la Russie patine un mois après le début des attaques

Un mois après le début de son offensive contre les soldats russes, les gains territoriaux de Kiev semblent minimes. Même Volodymyr Zelensky l’a reconnu.

GUERRE EN UKRAINE - L’été est arrivé et les sols boueux ont séché, pourtant l’armée ukrainienne patine face aux Russes. « La semaine dernière a été difficile », a reconnu Volodymyr Zelensky ce lundi 3 juillet, quelques heures après que le ministère de la Défense a annoncé que 37 km2 avaient été reconquis en sept jours. « Nous réalisons des progrès. Nous avançons pas à pas », a tenté de rassurer le président ukrainien.

Il faut dire que depuis le début de sa contre-offensive début juin, les progrès des soldats ukrainiens semblent minimes. Neuf villages auraient été repris au 26 juin selon l’agence Reuters, et 300 km2 auraient été récupérés d’après le ministre de la Défense britannique Ben Wallace interrogé le même jour à la Chambre des communes. Des chiffres dérisoires au vu de l’occupation russe qui couvre 20 % du territoire, soit 100 000 km2.

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce piétinement, dont les capacités de défense russes et le terrain qui leur est avantageux, comme l’a expliqué le New York Times. Par exemple, dans le sud du pays où a été lancée la principale attaque, le terrain très plat et miné de toutes parts par Moscou empêche les chars ukrainiens d’avancer.

La force de l’artillerie russe

Volodymyr Zelensky a précisé à la BBC que plus de 77 000 km2 du territoire ukrainien avaient été couverts d’explosifs. Dans ce contexte, l’armée « avance progressivement à travers ces champs de mines… 500 mètres par jour, 1 000 mètres par jour, 2 000 mètres par jour », a résumé le chef d’état-major des armées américain Mike Milley le 30 juin en conférence de presse.

Autre particularité de cette région du sud : l’alignement des arbres. Les soldats de Vladimir Poutine peuvent cacher leurs tanks, leur artillerie et leurs bunkers dans les broussailles pendant que les Ukrainiens avancent sans couverture. Sans oublier les trous, tranchées, barrières, barbelés, et pyramides de béton anti-char dites « dents de dragons » installés par les Russes depuis plusieurs mois sur la ligne de front.

Situation en Ukraine au 3 juillet 2023
Situation en Ukraine au 3 juillet 2023

« Ce qui empêche les forces de manœuvre ukrainiennes d’avancer, c’est avant tout l’artillerie russe, combinée aux obstacles et aux points d’appui, qui frappe quelques minutes seulement après être apparue dans le paysage », ajoute de son côté le colonel et historien militaire Michel Goya sur son blog La Voie de l’épée.

Kiev a encore des réserves

Si « l’artillerie russe (3 500 pièces de tout type au début de 2023 en Ukraine, dont peut-être un millier dans le groupe d’armées Zaporijjia-Donetsk) souffre » face aux attaques ukrainiennes, analyse Michel Goya, elle « n’est pas encore abattue, loin de là, et c’est sans doute pour cela que l’offensive ukrainienne piétine ».

Une autre explication est avancée par Vincent Tourret, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. Dans le podcast Le Collimateur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), il estime que « pour l’instant, le gros de l’effort n’a pas encore été engagé. Il y a encore très peu des nouvelles brigades ukrainiennes qui sont dans le feu de l’action aujourd’hui ». Des brigades d’assaut spéciales ont en effet été entraînées, dont certaines par les forces de l’Otan, pour participer à la contre-offensive. Seules trois sur douze seraient sur le terrain, d’après Le Monde.

C’est donc une « valse indécise » à laquelle le monde assiste, juge Vincent Tourret. Et ce n’est pas vraiment une surprise : elle permet à Kiev de tester les faiblesses dans les lignes russes, car les pertes seraient énormes en cas d’assaut mal préparé. Volodymyr Zelensky l’a toutefois concédé, l’avancée de la contre-offensive est « plus lente que souhaité ».

Les Ukrainiens réclament toujours des armes

Ce constat partagé par certains alliés occidentaux a fortement agacé le commandant en chef des armées Valery Zaloujny. « Ça me gonfle », a-t-il lancé dans une interview accordée au Washington Post. « Ce n’est pas une émission que le monde entier regarde. Tous les jours, chaque mètre fait couler du sang », s’est-il insurgé.

Pour lui, ce sont les armes et l’équipement militaire qui manquent à ses soldats. Il a exhorté à accélérer les livraisons des F-16 promis, car « tant que nous ne serons pas complètement équipés, nos plans ne seront pas totalement réalisables ». Malgré tout il l’assure, pour le moment tout se déroule comme prévu. « Peut-être pas aussi vite que les participants de l’émission, que les observateurs le veulent, mais c’est leur problème », a-t-il taclé.

En réponse à ce coup de gueule, l’amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l’Otan, a appelé les membres de l’organisation à se « tenir à l’écart des commentaires sur l’Ukraine disant qu’ils devraient aller plus vite ou qu’il est décevant qu’ils n’aillent pas assez vite », car « ce type d’opération est extrêmement difficile », a-t-il martelé. Et il ne faut pas s’attendre à ce que la contre-offensive prenne fin rapidement : elle pourrait durer jusqu’à dix semaines, a prévenu le chef d’état-major américain Mike Milley. C’est-à-dire pas avant le mois d’août.

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