Guerre en Ukraine : une attaque de drones depuis la Russie revendiquée pour la première fois par Kiev

Des drones ukrainiens ont attaqué l’aéroport de Pskov fin août 2023 (image d’illustration).
Des drones ukrainiens ont attaqué l’aéroport de Pskov fin août 2023 (image d’illustration).

INTERNATIONAL - C’est une première. L’Ukraine a affirmé ce vendredi 1er septembre avoir mené cette semaine une attaque de drones contre un aéroport russe à partir du territoire russe, Kiev s’efforçant de porter les hostilités jusqu’en Russie en pleine contre-offensive pour libérer les zones occupées.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des drones ukrainiens ont visé l’aéroport de Pskov, une ville russe située à proximité de la frontière de l’Estonie, de la Lettonie et la Biélorussie, à près de 700 kilomètres de l’Ukraine. Les attaques de drones attribuées à l’Ukraine et prenant pour cible tant Moscou que d’autres villes russes sont quasi quotidiennes depuis plusieurs mois.

Pskov est situé sur le point en rouge.
Pskov est situé sur le point en rouge.

« Les drones utilisés pour attaquer la base aérienne de Kresty à Pskov ont été lancés de l’intérieur de la Russie », a assuré le chef du renseignement militaire Kyrylo Boudanov sur Telegram, mettant un lien vers un article de The War Zone à qui il a accordé un entretien.

« Nous opérons du territoire de la Russie », a insisté Kyrylo Boudanov auprès de The War Zone. Selon cette publication, le responsable militaire n’a pas voulu dire si l’attaque de Pskov avait été effectuée par ses hommes ou par des Russes agissant pour le compte des Ukrainiens.

Le Kremlin refuse de commenter

C’est la première fois que Kiev reconnaît opérer à l’intérieur du territoire russe, où se sont produits non seulement de multiples frappes de drones mais aussi des actes de sabotage présumés, en plus d’incursions armées par des combattants russes pro-ukrainiens.

Selon Kyrylo Boudanov, deux avions militaires russes ont été détruits et deux gravement endommagés dans l’attaque de Pskov. The War Zone a publié des images de satellite montrant des appareils calcinés.

Le Kremlin a lui refusé de commenter cette revendication, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov estimant qu’il s’agissait d’« une prérogative de nos militaires ». « À 23 h 28 (20 h 28 GMT) le 29 août, nous avons été informés d’un incendie d’avions Il-76 de l’aviation cargo militaire », avaient seulement indiqué dans la nuit de mardi à mercredi les secours du ministère des Situations d’urgence aux agences d’État Ria Novosti et Tass.

La semaine dernière une attaque similaire avait visé un aérodrome de la région voisine de Novgorod, détruisant ou endommageant au moins un avion militaire.

Des armes de 700 km de portée

Les propos de Kyrylo Boudanov interviennent en tout cas à un moment où les conjectures vont bon train sur la manière dont l’Ukraine multiplie les attaques de drones en Russie. Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était félicité que son pays ait atteint une cible à 700 kilomètres de distance, sans pour autant évoquer de cas spécifiques comme celui de Pskov.

« Le résultat de nos armes, les nouvelles armes ukrainiennes, c’est 700 kilomètres. L’objectif, c’est d’arriver encore plus loin », a-t-il dit. Le chef de l’État ukrainien s’était félicité fin juillet que « la guerre arrive sur le territoire de la Russie ».

L’Ukraine cherche à porter le combat chez son voisin, au moment où elle est engagée dans une très difficile contre-offensive pour libérer les zones occupées de l’est et du sud de son territoire. Les avancées ont jusqu’ici été limitées, mais Kiev a dit cette semaine espérer une percée prochaine sur le front méridional, à la suite de la libération de la localité de Robotyne.

Mais pour l’instant, les avancées réduites en termes de km2. L’armée ukrainienne doit notamment faire face aux solides défenses russes, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines établis sur des centaines de kilomètres.

Rentrée des classes en Ukraine

Face aux critiques nombreuses, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a poussé un coup de gueule. « Critiquer la lenteur de la contre-offensive revient à cracher à la figure du soldat ukrainien qui sacrifie sa vie », a-t-il lancé en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Tolède, en Espagne.

« Je suggère à tous ceux qui critiquent de la fermer, de venir en Ukraine et d’essayer de libérer un centimètre carré par eux-mêmes », a-t-il ajouté.

Par ailleurs ce vendredi, c’est aussi en Ukraine, comme en Russie, le jour de la rentrée des classes. Cette journée a été immédiatement perturbée à Kiev, où la police a fait état de menaces à la bombe à l’encontre des établissements de la capitale ukrainienne, qu’elle a dit inspecter sans pour autant procéder à des évacuations généralisées.

« Nous avons reçu des informations sur la présence de bombes dans les écoles de Kiev (...) Tous les établissements d’enseignement sont contrôlés par les forces de la police » de la capitale, a-t-elle dit sur Telegram, alors que quatre millions d’élèves doivent commencer leurs classes.

En Russie, une intervention du président Vladimir Poutine est attendue à l’occasion d’une leçon donnée à des écoliers, tandis que les matières destinées à promouvoir le patriotisme et la militarisation de la société sont apparues en nombre dans le programme scolaire.

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