Guerre Israël - Hamas : Renaissance et Les Républicains qualifiés de « faucons , voici ce que ça veut dire

L’expression est notamment utilisée par gauche pour dénoncer la position de certains élus sur le conflit. Mais qu’est-ce que cela signifie ?

Photo partagée depuis Israël par Éric Ciotti où il a accompagné Yaël Braun-Pivet avec les députés Mathieu Lefevbre et Meyer Habib. Ils sont escortés par Tsahal, l’armée israélienne.
Capture X / Eric Ciotti Photo partagée depuis Israël par Éric Ciotti où il a accompagné Yaël Braun-Pivet avec les députés Mathieu Lefevbre et Meyer Habib. Ils sont escortés par Tsahal, l’armée israélienne.

POLITIQUE - Le concept, loin d’être nouveau en sciences politiques, revient avec le conflit israélo-palestinien. Depuis que les différents partis ont pris position à la suite de l’attaque terroriste conduite par le Hamas le 7 octobre, Les Républicains et une partie de Renaissance sont qualifiés de « faucons ».

Dimanche 22 octobre sur France 3, Olivier Faure a désigné ainsi Éric Ciotti et le député franco-israélien Meyer Habib, les disant porteurs d’une « ligne sans nuances » sur Israël et la question palestinienne. Auprès de Mediapart, le député PS Jérôme Guedj a également pointé en ces termes une partie de la Macronie, considérant qu’ils « s’éloignent de la position traditionnelle de la France ».

Bush et les faucons américains des années 2000

Dénonçant la position de Yaël Braun-Pivet sur le conflit, Jean-Luc Mélenchon a également utilisé le terme sur son blog, estimant que la présidente de l’Assemblée nationale est allée sur place pour porter « les couleurs du clan des “faucons” macronistes », lesquelles expriment « haut et fort le “soutien inconditionnel” à Israël ».

Mais que signifie cette expression au juste ? Utilisée aux États-Unis, la métaphore ornithologique oppose les faucons, rapaces impitoyables partisans de la guerre, aux colombes, défenseurs de la paix. Une vision manichéenne (et réductrice) des relations internationales qui a longtemps irrigué les réflexions sur la guerre outre-Atlantique, rappelle L’Opinion. Avec un point d’orgue au début des années 2000, marquées par les attentats du 11 septembre 2001, l’intervention en Afghanistan la même année puis l’invasion américaine en Irak deux ans plus tard.

À Washington, la théorie du Choc des civilisations produite en 1996 par Samuel Huntington a alors le vent en poupe, soufflant dans les voiles des faucons américains de George W. Bush. Une thèse selon laquelle le monde occidental va inéluctablement entrer en conflit avec d’autres civlisations, en premier lieu le monde musulman. À cette époque, le président américain prétendait d’ailleurs faire la guerre à « l’axe du mal ».

Une vision civilisationnelle qui a eu un effet direct sur la politique des républicains américains vis-à-vis d’Israël. Voici ce qu’écrivait Le Monde le 8 juillet 2002 : « En se rangeant aux côtés d’Ariel Sharon (ex-Premier ministre israélien, NDLR) pour déclarer ”hors jeu“ Yasser Arafat (ex-président de l’autorité palestinienne, NDLR), le président américain a tranché entre ses conseillers modérés et les “faucons” pro-israéliens du Pentagone, comme le souhaitait la droite chrétienne américaine ».

L’expression porte donc aujourd’hui une double charge pour ceux qui l’emploient en France. Ceux qui l’incarnent sont accusés d’être davantage bellicistes que pacifistes. Surtout il leur est reproché d’inscrire leur position dans une vision civilisationnelle, éloignée de la diplomatie française qui continue de prôner (du moins dans ses déclarations) une solution politique au conflit israélo-palestinien.

Les élus LR et Renaissance sont-ils des faucons ?

Dès lors, est-ce justifié d’employer cette expression pour LR et Renaissance ? En très grande partie, oui. Président des Républicains, Éric Ciotti a depuis longtemps opté pour une orientation 100 % pro-israélienne, en témoigne son souhait de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël (à l’instar du faucon Donald Trump) et a exprimé son souhait de « rompre avec une forme de tradition diplomatique globalement pro-arabe ». Quant à Meyer Habib (député apparenté LR), il qualifie de « pure chimère » la recherche d’une solution politique au conflit.

Pour ce qui est de Renaissance, c’est un peu plus subtil. Il existe effectivement des figures alignées sur cellles d’Éric Ciotti et Meyer Habib qui, pour beaucoup, viennent de la droite. C’est le cas d’Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Benjamin Haddad ou Mathieu Lefèvre. « Il y a une ligne très pro-Israël aujourd’hui qui est mise en avant par un petit cartel qui gravite autour de Sylvain Maillard, et qui, si elle est très présente médiatiquement, n’est pas représentative de la ligne générale des troupes “macronistes” », souffle à Mediapart un député Renaissance.

Selon Le Figaro, un groupe de députés Renaissance a nourri un temps un projet de tribune pour se distancer de ce « soutien inconditionnel à Israël » tel qu’exprimé par Yaël Braun-Pivet, avant de reculer pour ne pas fragiliser la majorité relative sur ce sujet éruptif. Reste que certains prennent ouvertement leur distance. À l’image de la députée Renaissance Mireille Clapot, qui prône un discours « équilibré » sur la question. Un discours proche de celui tenu par le député MoDem Jean-Louis Bourlanges. Des positions plus colombe que faucon.

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