Guacamaya : ces hackeurs qui s’en prennent aux armées latino-américaines

Le 19 septembre est un jour férié au Chili. À cette date, le pays fête le jour de la Gloire de l’armée au cours d’un défilé militaire, en présence des autorités civiles. Les militaires s’y préparent pendant des mois pour montrer qu’ils sont l’armée la plus professionnelle et la plus sérieuse de toute l’Amérique latine, comme ils aiment à le rappeler.

Or, cette année, le gâteau d’anniversaire de l’armée chilienne a été gâché par des importuns. Le jour même des festivités, le groupe “hacktiviste” Guacamaya [du nom du perroquet Ara rouge] a piraté 400 000 courriels, révélant la “cybervulnérabilité” de l’une des armées les mieux financées de la région. Les courriels divulgués ne sont pas ceux de simples soldats, ils appartiennent à des membres de l’état-major interarmées. On y trouve des renseignements sur les pays voisins, sur le conflit mapuche, sur la mobilisation sociale de 2019, sur des militants.

Comment les hackeurs ont-ils pu s’emparer de ces e-mails ? Ils ont exploité une faille de sécurité sur Exchange, la messagerie professionnelle sécurisée de Microsoft. Cette attaque est connue sous le nom de “ProxyShell”. Le géant du logiciel en a averti ses utilisateurs depuis mars 2021. Guacamaya a aussi réussi à pirater, grâce à des failles similaires, les messageries des armées mexicaine, péruvienne et salvadorienne, avant de divulguer des messages à des journalistes et aux organisations intéressées sur tout le continent.

Pis encore, selon Hiram Camarillo, spécialiste en cybersécurité et PDG de la société Seekurity, la vulnérabilité des pouvoirs publics mexicains aux attaques informatiques était connue depuis longtemps. Des audits avaient même été effectués sur la question :

“Les hackeurs de Guacamaya ont détecté qu’avant eux une autre personne, ou un autre groupe, avait déjà eu accès aux courriels du ministère de la Défense nationale (Sedena).”

Camarillo ajoute que ces piratages n’exigeaient qu’un niveau de compétence moyen.

Les mouvements féministes ? Des subversifs

Guacamaya est parvenu à télécharger 6 téraoctets de données de la Sedena, qui révèlent que l’armée mexicaine consacre une bonne partie de son travail de renseignement à la rédaction de rapports sur des militants.

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