« Le Guépard » : la Sicile du côté de Guermantes

Alain Delon et Claudia Cardinale dans Le Guépard.  - Credit:TITANUS / Collection ChristopheL via AFP
Alain Delon et Claudia Cardinale dans Le Guépard. - Credit:TITANUS / Collection ChristopheL via AFP

Longtemps, le nom Giuseppe Tomasi di Lampedusa ne dit rien à personne. Le prince sicilien, secret et solitaire, fin lecteur, connaisseur de toute la grande littérature européenne, fuit la vie mondaine. Il a un cousin poète, Lucio Piccolo, et – se pensant « pas plus idiot que lui » – se lance dans la rédaction d'un roman. À l'automne 1958, la publication posthume de ce livre unique, Le Guépard, tiré au départ à 3 000 exemplaires, se transforme vite en événement considérable. Tout ce que l'Italie compte d'intellectuels et d'artistes débat de son importance et de sa signification. S'agit-il d'un livre réactionnaire, nostalgique, qui réduit le Risorgimento à une simple comédie des apparences, exaltant une noblesse décadente ? Est-ce au contraire une critique de ce milieu raréfié et en voie de disparition ? La fameuse phrase de Tancrède – « Il faut tout changer pour que rien ne change » – est-elle une déclaration cynique qui annule l'idée même d'action politique ou un constat lucide qui éclaire l'actualité ?

Luchino Visconti, lui, ne tergiverse pas : « Le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa me plut immensément. Je me pris d'affection pour l'extraordinaire personnage qu'est le prince Fabrizio di Salina. Je me suis passionné pour les polémiques de la critique sur le contenu du roman au point de désirer intervenir et dire mon mot. Telle est peut-être la raison qui me poussa à accepter la proposition de réaliser ce film. »

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