Grosse fissure dans l'édifice gouvernemental

“La crise économique qui se profile et la passivité du gouvernement
contraignent le président à passer au ‘pilotage manuel’ de la politique
socio-économique, et les observateurs en viennent à se demander si le
gouvernement actuel a un quelconque avenir”, écrit l’hebdomadaire russe Expert, après la démission d’un poids lourd de l’équipe gouvernemental, le vice-premier ministre Vladislav Sourkov.

C’est
le 7 mai, au lendemain d’une réunion de bilan au cours de laquelle
Vladimir Poutine a vertement critiqué le gouvernement pour ne pas avoir
exécuté ses oukases du 7 mai 2012, date de son retour au Kremlin, qu’a
été entérinée la démission de l’une des figures les plus importantes de
la classe politique russe des dix dernières années, “l’éminence grise”
du régime, l’idéologue en chef, père de la doctrine poutinienne de la
“démocratie souveraine”, Vladislav Sourkov (48 ans).

Concernant
ce dernier, c’est plus particulièrement sa gestion du projet stratégique
de Skolkovo, la “silicon valley” russe, qui lui a été reprochée.
Plusieurs scandales ont éclaté ces derniers temps à ce sujet, notamment
celui du versement de 750 000 dollars (environ 575 000 euros, pris sur
le budget de Skolkovo) d’émoluments pour des conférences à un député de
Russie juste, Ilia Ponomarev, dont la participation active au mouvement
de contestation de l’année 2012 a été notoire. De là à en déduire que
Sourkov se servait de Skolkovo pour financer l’opposition, il n’y a
qu’un pas que certains observateurs de la presse russe, comme le quotidien des affaires Vedomosti, ont franchi.

Expert
remarque que c’est la deuxième figure d’autorité, après le ministre de
l’économie Alexeï Koudrine en novembre 2011, qui quitte le gouvernement
“en affichant ses positions” et “dont on peut supposer qu’elle aura de
nouvelles activités, notamment politiques”. Cette démission témoigne,
selon le journal, de la constitution naturelle d’un cercle plus large
d’hommes politiques ayant une expérience d’Etat, leur propre vision des
choses et qui prennent leur indépendance par rapport au pouvoir actuel.

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