Greta Thunberg, Malala Yousafzai... Les Scouts et guides de France accusés de "wokisme" pour un calendrier

Greta Thunberg, Malala Yousafzai... Les Scouts et guides de France accusés de "wokisme" pour un calendrier

C'est une polémique que les Scouts et guides de France (SGDF) n'avaient pas vu venir. La cause? Le calendrier 2023 du mouvement, vendu depuis la rentrée scolaire. Depuis plusieurs année, les SGDF, réputés être le moins "traditionnel" des mouvements scouts catholiques de France, donnent une thématique à leurs calendriers.

En 2022, la couverture affichait la phrase "en route vers la conversion écologique!". En 2023, à l'occasion des 100 ans des Guides de France, la branche féminine du mouvement, le calendrier est titré "Engagées et engagés pour l'égalité!".

Chaque mois de l'année est accompagné d'une photo et d'une citation d'une personnalité connue. On y retrouve des figures classiques, comme le Pape François : "je suis convaincu de l'urgence d'offrir des espaces aux femmes dans la vie de l'Église". On trouve aussi des citations de la militante écologiste Greta Thunberg: "personne n'est trop petit pour avoir un impact et changer le monde"; ou encore de la militante féministe lauréate du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai: "nous devons dire aux filles que leurs voix sont importantes".

À la vue de ce calendrier, des débats ont émergé sur les réseaux sociaux, un internaute estimant par exemple qu'il était un "monument de wokisme" destiné à "faire de parfaits petits militants écoféministes". La polémique a enflé à la faveur d'articles du site d'extrême droite Boulevard Voltaire et du Parisien sur le sujet.

Des filles en retrait dans les activités scoutes

"Notre objectif n'est pas de choquer, mais on ne considère pas cela choquant de dire que les femmes sont les égales des hommes. Mais on ne cède pas non plus à lobby, quelqu'il soit", explique à BFMTV.com Agnès Cerbelaud, responsable de la communication du mouvement.

C'est "le sens du mouvement scout depuis le début", d'inclure les filles au même niveau que les garçons, ajoute-t-elle. De fait, le centenaire du mouvement féminin n'est pas la seule raison pour laquelle les SGDF ont choisi de mettre en avant cette thématique. Ils ont constaté que dans les activités scoutes, les filles avaient tendance à se mettre en retrait face aux garçons.

"Elles savent planter une tente, faire un feu, mais ne vont pas prendre ces activités en charge parce qu'elles ne se sentent pas légitimes", déplore Agnès Cerbelaud.

Cet événement est toutefois le signe des débats qui agitent les mouvements scouts sur la manière d'évoluer ou non avec la société. Pour Marion*, cheftaine d'un groupe SGDF en région parisienne, la polémique "n'est pas justifiée sur le calendrier" et ces figures lui parlent. Mais elle trouve que son mouvement "s'inscrit de plus en plus dans la bien-pensance". "Leur théorie, c'est d'avancer avec la société, mais le scoutisme, c'est se déconnecter de la société, d'opérer un retour aux sources", estime Marion.

"Il y a plusieurs mouvements scouts en France, on choisit celui qu'on veut", répond Agnès Cerbelaud.

"Aujourd'hui, ces thématiques sont très fortes dans la société", poursuit-elle, évoquant l'écologie ou encore l'égalité femmes-hommes, et indiquant que l'objectif de son mouvement est "de former des jeunes d'aujourd'hui".

Une place particulière dans les mouvements scouts catholiques

C'est justement cet aspect qui entraîne des crispations autour du calendrier: pour Anne Soupa, présidente du Comité de la jupe, une association visant à promouvoir la place des femmes dans l'Église catholique, le "mouvement identitaire catholique" se "préoccupe d'avoir la main sur les lieux de formation" de la jeunesse.

De fait, les Scouts et guides de France ont une place assez particulière dans le paysage scout catholique du pays. Numériquement, il est le plus important mouvement, avec plus de 90.000 adhérents en 2021, dont 61.000 jeunes et 13.500 chefs et cheftaines. Les deux autres principaux mouvements catholiques, les SUF et les Guides et scouts d'Europe, "portent un projet différent, sont plus partisans d'un retour aux traditions et sont axés sur l'autorité et l'obéissance", analyse Anne Soupa.

Les SGDF portent quant à eux un projet "plus fraternel que patriarcal", et sont en cela "un des lieux les plus en prise avec la modernité dans le paysage catholique, sans perdre les valeurs du scoutisme", selon la théologienne.

*Le prénom a été modifié

Article original publié sur BFMTV.com