Grâce à Dieu de François Ozon : un très grand film sur la pédophilie dans l’Eglise

Ours d’argent au Festival de Berlin, le long-métrage de François Ozon a été menacé de report de sortie après une action en justice menée par certaines personnes mises en cause dans ce récit tiré d’une histoire vraie. Mais, gagnant devant les tribunaux, le réalisateur de Huit femmes, Potiche, Le temps qui reste ou encore Frantz sort bien son film en salles ce mercredi.

Copyright : Mars films
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De quoi ça parle ? Grâce à Dieu revient sur l’affaire Preynat : à l’âge adulte, les victimes de ce prêtre pédophile ont fondé une association, La Parole Libérée, pour traîner en justice leur bourreau et le diocèse de Lyon géré par le cardinal Barbarin qui aurait fermé les yeux sur les agissements de ce prédateur sexuel.

Les personnages : Le long-métrage s’intéresse particulièrement à trois victimes : Alexandre, père de famille et catholique fut le premier à entamer des démarches auprès du diocèse pour empêcher le prêtre d’agir, François médiatisait l’affaire et Emmanuel, encore non touché par le délai de prescription, portait l’affaire devant les tribunaux, soutenu par l’association et les autres victimes.

Les acteurs : Melvil Poupaud (Laurence anyways, Le temps qui reste…), Denis Ménochet (Jusqu’à la garde) et Swann Arlaud (Petit paysan) composent le trio phare de ce récit social et intime. La dignité, les fêlures et le courage de leurs personnages, servis par une interprétation d’une justesse remarquable, invitent immédiatement à l’empathie.

Ce qu’on retient : Réprouver ce film avant de l’avoir vu serait une grave erreur. Grâce à Dieu n’est pas un film à charge et ne condamne en effet jamais les croyants ou la religion, mais uniquement Preynat et les membres d’une institution refusant de se remettre en question au point de laisser des actes criminels se perpétrer. Le cinéaste évite tout raccourci et amalgame, notamment grâce au personnage incarné par Melvil Poupaud, père de famille élevant encore ses enfants dans la foi catholique malgré son traumatisme d’enfance.

Un grand film de cinéma : Cette fresque aborde un sujet de société essentiel et encore tabou mais il ne faudrait pas que la médiatisation des affaires évince les qualités cinématographiques du film. Fort d’une mise en scène discrète et pleinement au service de son histoire, ne cherchant jamais à choquer, Grâce à Dieu est bouleversant d’intelligence, d’équilibre, de pudeur et de sensibilité. C’est l’émotionnel qui l’emporte ici !

De François Ozon, France, 2h17.

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