Le Graët, Diacre… Un « Comex » explosif à la FFF

La sélectionneuse de l’équipe de France féminine de football Corinne Diacre (à gauche) et le président de la Fédération française Noël Le Graët seront au cœur des discussions lors du « Comex » prévu ce 28 février (photo d’archive prise en juin 2019 à Clairefontaine).
La sélectionneuse de l’équipe de France féminine de football Corinne Diacre (à gauche) et le président de la Fédération française Noël Le Graët seront au cœur des discussions lors du « Comex » prévu ce 28 février (photo d’archive prise en juin 2019 à Clairefontaine).

FOOTBALL - Il y a eu les accusations de harcèlement moral et sexuel contre Noël Le Graët, les saillies scabreuses du patron de la FFF, les révélations sur des violences sexuelles commises à Clairefontaine, la fronde de Bleues contre leur sélectionneuse… Depuis de longs mois, le sommet du football français est accablé par les affaires successives. Mais ce mardi 28 février pourrait marquer un tournant, ou du moins enclencher une nouvelle dynamique.

Le « Comex » de la Fédération française de football, instance dirigeante suprême qui réunit certains des acteurs les plus influents du ballon rond en France – du président de la Ligue de football professionnel Vincent Labrune au patron de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas –, doit en effet plancher sur plusieurs dossiers clés à compter de 10h.

La démission de Le Graët enfin à l’ordre du jour

À commencer par celui de la démission de Noël Le Graët. Après que des révélations sur les pratiques de management ayant cours au sein de la FFF avaient dans un premier temps fait pschitt, c’est une déclaration injurieuse à l’égard de Zinédine Zidane qui a fini par mettre le feu aux poudres. Et par précipiter la chute de l’ancien maire de Guingamp, contraint de se mettre en retrait de sa fonction. Depuis, de nouveaux témoignages de femmes décrivant ce qui s’apparente à du harcèlement sexuel sont venus garnir le dossier.

Et au-delà des publications dans la presse, la position du dirigeant breton de 81 ans a été considérablement affaiblie par l’audit mené au sein de la Fédération qui, s’il n’est aucunement contraignant, l’accable. On peut notamment y lire que le président de la FFF « ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français ». Reste donc à savoir si Noël Le Graët saura échapper à son côté « têtu » et céder à ce que beaucoup réclament, à savoir son départ définitif.

Pour l’heure, le milieu du foot s’attend avec une quasi-certitude à l’officialisation du départ de « NLG ». « Je souhaite vraiment qu’il soit dans cette perspective de faire passer l’intérêt de la Fédération avant son intérêt personnel. On verra ce qu’il en est, mais j’ai bon espoir », déclarait par exemple lundi Jean-Michel Aulas dans les colonnes de L’Équipe. « La démission semble quasiment acquise », assurait de son côté membre du « Comex » à l’AFP, quand un autre évaluait à « 99 % » les chances de voir l’ancien maire de Guingamp abdiquer.

Corinne Diacre sur un siège éjectable

Un départ qui pourrait, en cascade, entraîner d’autres bouleversements, notamment pour l’équipe de France féminine. Après des mois de conflit larvé, plusieurs cadres des Bleues en tête desquelles la capitaine Wendie Renard ont, ces derniers jours, publiquement désavoué le « système » en place à la FFF et en particulier la sélectionneuse Corinne Diacre.

Cette dernière, qui a été nommée puis prolongée par Noël Le Graët, a ainsi vu cinq de ses joueuses (Renard donc, mais aussi Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto, Perle Morroni et Griedge Mbock) annoncer qu’elles ne porteraient plus le maillot frappé du coq tant que des « changements profonds » n’auraient pas lieu. Or sans un appui fort à la FFF, à quelques mois du Mondial en Australie et à un an des Jeux olympiques de Paris, la sélectionneuse sait être dans une position intenable.

Surtout que le mal-être est profond, entre les dissensions autour du cas de Kheira Hamraoui et les mises à l’écart successives par Corinne Diacre de nombreuses joueuses emblématiques des Bleues ces dernières années (Eugénie Le Sommer, Amandine Henry, Gaëtane Thiney…). Avec des résultats en berne depuis des mois, et surtout aucun titre majeur au cours du mandat Diacre en dépit d’une équipe extrêmement talentueuse, il est donc prévu que le « Comex » planche aussi sur ce cas ce mardi. Avec fermeté ?

Vers une lutte de succession acharnée ?

Mais une fois ces deux encombrants dossiers réglés, la FFF ne sera pas sortie d’affaire pour autant. C’est ce que rappelle la récente démission du « Comex » de Jamel Sandjak. Ce dernier, président de la Ligue Paris-Île-de-France et membre jusqu’alors du comité exécutif a en effet annoncé jeudi 23 février, qu’il quittait ses fonctions au sein de l’instance dirigeante. Une décision qu’il a justifiée par le constat d’une « impuissance à se projeter vers les défis de demain ».

Sauf que cette manœuvre, qui intervient après des mois de tergiversations d’un « Comex » incapable de se désolidariser de Noël Le Graët, paraît aussi très politique. Car il faudra bien un visage pour incarner la future Fédération française de football après le départ du « Menhir ». Et à ce petit jeu, il y a fort à parier que les dirigeants actuels de la plus puissante fédération sportive du pays veuillent conserver une part du gâteau.

Or après avoir longtemps été opposé à Noël Le Graët, notamment en figurant sur la liste d’opposition lors de l’élection de 2017, Jamel Sandjak a fini par rallier le Breton durant le dernier scrutin, en 2021, rappellent nos confrères du Parisien. Un indice du fait que cette démission dénote davantage d’ambitions pour succéder au Guingampais à la tête de la Fédération que d’une réelle reculade face à une personnalité controversée.

Et si le président par intérim Philippe Diallo vise lui aussi la présidence, pas sûr que les deux hommes -voire d’autres candidats en interne- puissent se disputer le siège de « NLG ». Car comme l’a révélé l’audit, derrière le patron déchu, c’est tout un système qui a été mis en cause et qui doit changer. Dès lors, du côté du football amateur comme des Bleus et du monde professionnel, la chute de Le Graët devrait entraîner des appels à une reconstruction totale. Et donc une nouvelle lutte d’influence au sommet du foot français.

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