Grève du 15 mars : les perturbations prévues secteur par secteur

Éboueurs, gaz, transports… Les grèves connaissent des situations contrastées à l’orée de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

GRÈVE DU 15 MARS - À la veille de la 8e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce mercredi 15 mars, et à l’avant-veille de son possible vote au Parlement, les grèves connaissent des situations contrastées, avec des mouvements toujours très suivis dans l’énergie et chez les éboueurs parisiens, mais qui semblent s’essouffler dans les raffineries et certains pans des transports.

Éboueurs : à Paris l’amoncellement continue

Les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi matin la poursuite de la grève « au moins jusqu’au 20 mars », lors d’une assemblée générale sur le site d’incinération d’Ivry-sur-Seine alors que quelque 7 000 tonnes de déchets s’amoncellent déjà dans les rues de la capitale.

Les secteurs les plus touchés sont les dix arrondissements dont la collecte est assurée par les agents de la mairie. Mais, même dans ceux gérés par des prestataires privés, la collecte est perturbée en raison des blocages des trois usines d’incinération d’Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen.

Des électriciens et gaziers toujours mobilisés

Des baisses de production sont toujours à l’ordre du jour dans le secteur de l’électricité, encore très mobilisé compte tenu de l’enjeu crucial pour les électriciens et gaziers, qui, outre le recul de l’âge légal, redoutent la suppression de leur régime spécial de retraite.

Le site d’EDF recensait mardi après-midi des baisses de production dans des centrales nucléaires tout comme dans des centrales thermiques. Dans l’hydraulique, le site d’EDF indiquait une « perte de puissance disponible en cours » de 6 650 MW.

Les électriciens procèdent également à des actions coup de poing : au siège social d’Enedis à Limoges, une dizaine de camions bleus d’intervention, venus de Haute-Vienne et de la Creuse, ont été garés mardi matin devant le site, nacelles déployées, pour en bloquer l’accès… durablement car les agents grévistes ont pris soin de ne pas laisser les clés de contact, expédiées par courrier à l’Élysée selon la CGT. Le courant a également été coupé temporairement sur le site.

Selon une porte-parole de la direction régionale d’Enedis, les camions n’avaient toujours pas pu être déplacés en fin de journée mardi.

La direction territoriale Drôme-Ardèche d’Enedis a indiqué que l’approvisionnement en électricité de 1 000 clients avait été coupé mardi matin, principalement sur les communes de Tain-l’Hermitage, Tournon, Albon, Beausemblant et Pont-de-l’Isère. Le courant a été totalement rétabli à 16h15, pour les derniers clients.

Côté gaz, les quatre terminaux méthaniers français ont voté la reconduction de leur mouvement de grève jusqu’au début de la semaine prochaine et l’ensemble des stockages de gaz de Storengy étaient encore occupés et en grève mardi après-midi « au moins jusqu’à la fin de la semaine », selon la CGT Énergie, sans conséquences à ce stade pour les clients.

Les raffineries marquent le pas

La plupart des raffineries françaises étaient encore en grève mardi, mais les grévistes étaient réticents à mettre les sites totalement à l’arrêt alors que les stocks sont quasiment pleins.

Depuis plusieurs jours, les syndicats du pétrole proposent aux grévistes des raffineries de durcir le mouvement contre la réforme des retraites en arrêtant la production, mais ces derniers renâclent à entamer ces opérations techniquement délicates et longues.

À la raffinerie TotalEnergies de Feyzin, « une grosse partie des salariés a suspendu la grève » jusqu’à mardi soir ou mercredi matin, a indiqué en fin de journée Eric Sellini, coordonnateur CGT pour le groupe. Les expéditions de carburants y ont brièvement repris mardi mais devraient être de nouveau interrompues dès mardi soir dans le cadre de l’appel national.

Dans les autres groupes pétroliers, la grève se poursuit également, notamment à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et à la raffinerie Petroineos à Lavera, selon la CGT.

Situation contrastée dans les transports

La RATP prévoit un trafic légèrement perturbé dans le métro parisien mercredi et très perturbé dans le RER.

Côté SNCF, le trafic restera perturbé mercredi avec notamment 3 TGV sur 5 et des difficultés en Île-de-France, selon la direction.

Les circulations seront globalement similaires à celles de lundi et mardi, avec 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités sur 3, aucun train de nuit et 2 TER sur 5 en moyenne nationale, a indiqué la SNCF Voyageurs mardi.

Dans les airs, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d’annuler mercredi 20 % de leurs vols à Paris-Orly en raison d’une grève des contrôleurs aériens.

Les annulations de vols pour cette nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle s’annoncent ainsi moins nombreuses que la semaine dernière, quand elles avaient touché, outre les plateformes parisiennes d’Orly et Roissy, des aéroports en région, et concerné jusqu’à 30 % des mouvements d’appareils.

Les enseignants ne comptent pas s’arrêter là

En milieu scolaire, les professeurs et enseignants comptent poursuivre leur mobilisation. Lors de la journée du 7 mars, près de 30 % des enseignants avaient fait grève. « L’heure est au durcissement du rapport de force », a prévenu le syndicat SUD-Éducation.

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