Glottophobie : la discrimination par l’accent

Alors que les Britanniques vont voter pour élire leurs nouveaux députés le 4 juillet prochain et que les sondages donnent les travaillistes largement gagnants, le Financial Times constate que la prochaine Chambre de communes sera certainement moins dominée par la “received pronunciation”, ou “RP”, l’anglais considéré comme standard et acceptable mais en réalité parlé par moins de 10 % de la population. Selon Devyani Sharma, une des universitaires derrière Accent Bias Britain, un projet de recherche lancé en 2017 pour examiner la discrimination liée à l’accent sur le lieu de travail, si les travaillistes parlent moins la RP que les conservateurs, ils la parlent tout de même beaucoup plus fréquemment que leurs concitoyens.

Au-delà des futurs députés et de la mélodie qui s’élèvera de leurs débats, il est certains que “les employeurs regardent toujours d’un œil plus critique quelqu’un qui parle avec un accent de la classe ouvrière qu’un locuteur de RP”. C’est cette dernière qui a le plus la cote. Ensuite viennent accents français, écossais, néo-zélandais et australiens. Le pire étant les accents de Birmingham et Liverpool, l’accent cockney et les accents afro-antillais et indien.

Selon le quotidien, les choses n’ont pas beaucoup changé en un demi-siècle et, selon une enquête de 2006, “76 % des employeurs ont avoué avoir discriminé les candidats en raison de leur accent”.

Un rayon d’espoir luit pourtant outre-Manche : Devyani Sharma croule sous les demandes de formation sur la glottophobie car les employeurs ont pris conscience de cette discrimination et entendent désormais la combattre, “à tel point que Sharma, qui organise des ateliers en entreprise basés sur les recherches du projet, a du mal à répondre à la demande”. Ses clients sont dans le secteur bancaire, mais aussi dans le conseil, la fonction publique et l’associatif.

D’après ses recherches, les gens qui ne parlent pas anglais avec un accent RP peuvent aussi compenser : “S’ils parlent avec confiance et en montrant qu’ils connaissent leur sujet, ils peuvent réduire, voire éliminer la discrimination.”

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