« Girl Math », cette tendance TikTok sur les femmes et l’argent joue avec des clichés sexistes

TIKTOK - Vous avez repéré un manteau à 100 euros mais hésitez à l’acheter ? Sur TikTok, la tendance #GirlMath s’occupe de résoudre ce genre de problèmes. Selon la logique des vidéos derrière ce hashtag, votre manteau est en réalité presque gratuit, puisqu’il sera porté tous les jours pendant les quatre mois de l’hiver, et vous coûtera donc seulement 83 centimes par jour.

Oui, ce raisonnement défie toute logique, mais il est très populaire sur le réseau social chinois, où des milliers d’utilisatrices justifient avec humour leurs virées shopping et leurs dépenses non-essentielles. Et comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, le hashtag dépasse le milliard de vues.

Mais derrière la plaisanterie, certains soulignent les clichés sexistes véhiculés dans les vidéos. Le HuffPost a donc demandé l’avis de Morgane Dion, cofondatrice de Plan Cash, média et plateforme de formation financière pour les femmes.

Des idées reçues sur les femmes et l’argent

Selon elle, la tendance entraîne un « phénomène d’effet négatif de stéréotype ». « C’est le fait d’inconsciemment agir au regard d’un stéréotype et donc de venir le conforter », explique-t-elle.

Morgane Dion se dit interpellée par le comportement des femmes participant à cette tendance, qui est tout sauf rationnel alors que « les maths sont censées l’être ». « Ça vient conforter cette idée qu’elles ne seraient pas capables d’avoir un raisonnement scientifique, rationnel, basé sur de la donnée et des chiffres, analyse l’experte. C’est ce positionnement-là qui est à la base des idées reçues sur les femmes et l’argent. »

La tendance perpétue aussi l’idée selon laquelle les femmes seraient plus dépensières que les hommes. Or, selon une étude américaine, citée par Morgane Dion et publiée dans l’American Journal of Psychiatry en 2006, la part des hommes américains présentant des troubles d’achats compulsifs n’est pas vraiment plus faible (5,5 %) que celle des femmes (6 %).

Les hommes aussi sont de la partie

Pour répondre à la tendance, certains se sont amusés à imaginer son équivalent masculin, derrière le hashtag #BoyMath. Ici, ce n’est pas la gestion de l’argent des hommes qui est épinglée mais d’autres calculs défiant toute logique. Parmi les meilleurs exemples : « Les “boy math” c’est avoir peur des croqueuses de diamants mais ne posséder que 3 paires de chaussettes » encore « Les “boy math” c’est quand 1 mètre 77 équivaut à 1 mètre 82 ».

Une chose est sûre : mieux vaut avoir le sens de l’autodérision et un compte en banque solide.

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