Giorgia Meloni reçue par Emmanuel Macron pour la première fois après des mois de tensions

Photo d’illustration de la Première ministre italienne, Girogia Meloni, et du président français, Emmanuel Macron, lors du sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, le 20 mai 2023.
Photo d’illustration de la Première ministre italienne, Girogia Meloni, et du président français, Emmanuel Macron, lors du sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, le 20 mai 2023.

DIPLOMATIE - Après les crises successives autour du dossier sensible de l’immigration, l’apaisement ? Emmanuel Macron reçoit pour la première fois à Paris la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, ce mardi 20 juin, pour tenter de confirmer le retour à la normale des relations entre la France et l’Italie.

Le président français et la cheffe du gouvernement italien feront des déclarations à la presse juste avant leur entretien, prévu dans l’après-midi à l’Élysée, a appris l’Agence France-presse côté français. Ils évoqueront « les relations bilatérales », mises à rude épreuve depuis l’automne, et « la mise en œuvre du Traité du Quirinal », signé en 2021, avant l’arrivée au pouvoir à Rome de la coalition ultraconservatrice de Giorgia Meloni, et qui structure les liens franco-italiens.

Tout est censé opposer le chef de l’État, qui se revendique d’un progressisme franchement pro-européen, et la Première ministre italienne, issue d’un parti post-fasciste et qui a épousé par le passé des positions nettement eurosceptiques. Et de fait, les étincelles n’ont pas tardé. Après une brève rencontre informelle à Rome en octobre juste après la nomination de GiorgiaMeloni, victorieuse des élections législatives, le dossier migratoire est vite venu alimenter les tensions.

Des intérêts souvent convergents

Notamment lorsque l’Italie avait refusé en novembre d’accueillir le navire humanitaire Ocean Viking et les 230 migrants à son bord, poussant la France à le laisser accoster tout en dénonçant le comportement « inacceptable » de Rome. Ou quand le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a suscité en mai l’ire transalpine en jugeant Giorgia Meloni « incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue ».

Mais en parallèle, les milieux diplomatiques des deux voisins ont œuvré pour retisser les liens au nom d’intérêts souvent convergents. Emmanuel Macron et Giorgia Meloni se sont rencontrés en marge de plusieurs rendez-vous internationaux, avec un tête-à-tête de 45 minutes à Hiroshima lors du G20 organisé par le Japon en mai. Et leurs ministres des Affaires étrangères ont eu un entretien « chaleureux » fin mai à Rome après un nouvel accès de fièvre.

Début juin, le chef de l’État français a reçu son homologue italien Sergio Mattarella, garant de la stabilité de la péninsule, pour signifier de manière symbolique que les « liens exceptionnels qui unissent » les deux pays dépassent la personnalité de leurs dirigeants.

« Malgré les différences politiques et idéologiques entre les deux gouvernements, il y a la conscience chez Meloni et chez Macron que la France et l’Italie doivent agir ensemble. Cela correspond aux intérêts des deux pays », dit à l’AFP l’historien Marc Lazar, professeur à Sciences-Po. Selon lui, des « convergences réelles » existent face à la guerre en Ukraine et sur la renégociation du pacte de stabilité budgétaire européen.

De profondes divergences sur l’avenir de l’Europe

Depuis qu’elle est installée au Palais Chigi, siège du gouvernement italien, Giorgia Meloni s’est de fait montrée très attachée au soutien à Kiev et très mesurée face à Bruxelles. Le « soutien commun à l’Ukraine » sera d’ailleurs réaffirmé mardi, au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du déploiement désormais opérationnel sur le terrain d’un système de missiles sol-air franco-italien SAMP/T.

Les deux dirigeants vont aussi préparer le Conseil européen des 29 et 30 juin et le sommet de l’Otan de Vilnius des 11 et 12 juillet. « On voit bien qu’entre la France et l’Allemagne en ce moment c’est pas folichon », relève pour sa part Jean-Pierre Darnis, professeur à l’université Luiss de Rome, ajoutant que le duo Meloni-Macron a donc « tout intérêt » à consolider la « convergence » sur le volet économique européen.

Mais pour lui, si cette rencontre était jugée « nécessaire et souhaitable », elle se tiendra malgré tout « presque en catimini », un peu comme en octobre à Rome. La Première ministre italienne se rend en effet à Paris pour défendre la candidature de la capitale italienne à l’Exposition universelle 2030. Et ce n’est qu’en marge de cette visite qu’elle a fixé un rendez-vous avec le président français − à l’image d’une relation qui devrait rester en dents-de-scie.

D’ici aux élections européennes de juin 2024, « les polémiques ne manqueront pas entre la droite italienne et le parti de Macron », qui ont « de profondes divergences sur l’avenir de l’Europe », ce qui « risque de rejaillir sur la normalisation des relations », prévient Marc Lazar.

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