Ginette Kolinka, survivante de la Shoah, « ne comprend pas » le choix de Serge Klarsfeld de voter RN

Les accointances de l’ancien traqueur de nazis avec l’extrême droite l’inquiètent. Tout comme la possibilité de voir le Rassemblement national aux portes du pouvoir.

POLITIQUE - « Si j’ai été déportée, c’est bien parce que l’extrême droite était au pouvoir ». Comme un cri du cœur, la prise de parole de Ginette Kolinka, rescapée du camp d’Auschwitz-Birkenau, résonne avec force, quelques jours après la prise de position controversée de Serge Klarsfeld sur les législatives. Invitée à s’exprimer en marge des commémorations de l’appel du 18 juin, cette survivante de camp de concentration et d’extermination âgée de 99 ans a donc senti le besoin de répondre à sa manière à l’historien et avocat français.

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« Je ne comprends pas sa réaction. Quand tu vois Klarsfeld qui se met d’accord avec eux, là tu te dis qu’il y a quelque chose qui ne va plus. Si même les juifs se mettent du côté de l’extrême droite, on n’en finira jamais », a-t-elle confié à franceinfo ce mercredi 19 juin.

Quelques jours plus tôt, Serge Klarsfeld avait en effet affirmé sur LCI que le RN avait « fait sa mue » et soutenait désormais les Juifs. Raison pour laquelle son vote irait « sans hésitation » à l’extrême droite en cas de duel avec La France insoumise aux législatives.

Au micro de C à Vous mardi, la rescapée des camps de la mort affirme également avoir été « déçue » par le geste de Serge Klarsfeld, tout en reconnaissant « énormément de choses faites pour la société juive » par celui qui a récemment reçu les insignes de Grand-Croix et Grand officier de la Légion d’honneur. « Mais ça ne m’empêche pas de le critiquer », ajoute-t-elle.

« Ce n’est pas un parti comme les autres, c’est pour ça que c’est dangereux », affirme également Ginette Kolinka, inquiète.

« Quel est le parti qui te dit ’On s’aime tous’ »

Celle qui s’efforce depuis 25 ans à entretenir la mémoire de cette sombre période de l’histoire en se rendant dans des établissements scolaire souligne aussi le possible double jeu du RN pour s’attirer la sympathie d’une partie de l’électorat juif. Un danger probable selon elle : « Peut-être qu’ils le font en parole pour avoir les voix de notre corporation mais une fois qu’il aura les voix, qu’est-ce qu’il fera (le RN, ndlr) ? ».

« On n’arrive pas à croire que l’extrême droite arrive à nous défendre », ajoute-t-elle ensuite.

Préférant s’adresser aux enfants qu’aux adultes, elle prône un message de tolérance, qu’elle trouve d’ailleurs difficile de retrouver sur l’échiquier politique actuel. « Moi je suis pour la tolérance. Quel est le parti qui te dit ’On s’aime tous’ ? Je n’en connais pas beaucoup », affirme-t-elle, avant de montrer des réserves sur le nouveau Front Populaire.

« Tout ce qui est extrême c’est dangereux », tranche-t-elle d’ailleurs sur l’union des gauches française depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais à quelques jours du scrutin, c’est bien la possibilité de voir l’extrême droite arriver aux portes du pouvoir qui semble le plus inquiéter cette femme presque centenaire.

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