Georgiana Viou, une étoile au Guide Michelin 2023, 13 ans après « Masterchef »

CUISINE - Une ovation, de la danse et beaucoup d’émotion. Georgiana Viou exulte ce lundi 6 mars à Strasbourg, alors que le Guide Michelin, vient de lui décerner sa première étoile pour son restaurant Rouge, à Nîmes (Gard). Quelques jours après l’annonce de la rétrogradation de deux des plus grands chefs français, Guy Savoy et Michel Coutanceau, le célèbre guide a mis à l’honneur ses nouveaux lauréats. Parmi eux, donc, la cheffe béninoise de 45 ans, qui de ses propres mots, ne vient pas du « sérail » et a pourtant su s’y frayer une place à l’aide de son talent.

« Je me suis dit que c’était cool de me retrouver avec plein de chefs, et jusqu’au dernier moment je me suis dit pourquoi moi, pourquoi pas d’autres… », bredouille-t-elle au bord des larmes à l’annonce de cette récompense qui paraît trop belle pour être vraie. Après avoir remercié son équipe, le Guide Michelin et son établissement qui lui a permis d’exprimer sa singularité, elle préfère couper court, submergée par la joie du public et sa propre émotion : « Je vais arrêter là, ce n’est pas très cohérent ce que je dis », dit-elle avant d’esquisser -comme promis- quelques joyeux pas de danse, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

De candidate à jurée de « Masterchef »

La France découvre la personnalité rayonnante de Georgiana Viou il y a un peu plus de dix ans. La jeune cheffe en devenir est candidate en 2010 dans la première saison de Masterchef, ce télécrochet culinaire de TF1 réservé aux amateurs − à la différence de Top Chef, qui se concentre sur les professionnels. Une décennie plus tard, cet échec ne l’a pas coupé dans son élan, bien au contraire. De simple candidate, elle est devenue jurée aux côtés des grands chefs Thierry Marx et Yves Camdeborde pour la sixième saison de l’émission, diffusée durant l’été 2022 sur France 2.

La recette d’une telle ascension ? Une cuisine authentique, méditerranéenne et béninoise, fidèle à ses origines et sans fioritures. « On apprend à cuisiner en touchant, pas avec des sondes. Et puisque Dieu m’a donné des doigts, je n’ai pas besoin de pince pour dresser les assiettes ! », déclarait-elle à Télérama, en revendiquant une cuisine « métisse », généreuse et gourmande. Des termes universels qui reflètent son succès dans l’assiette, comme en librairie : seul livre consacré à la gastronomie béninoise, son ouvrage Le goût de Cotonou, paru en 2021 aux Éditions Ducasse, est en rupture de stock.

Ses études ne la destinaient pourtant pas à un tel avenir. Lorsque Georgiana commence sa licence à la Sorbonne à Paris, elle entend devenir interprète de conférence. Elle travaille un temps dans la communication, mais ne s’y épanouit pas et à 35 ans, en tant que candidat libre, elle décroche donc son CAP cuisine. Elle ne reste pas longtemps dans l’ombre puisqu’elle obtient, dès 2009, la 3e place du Prix Culinaire le « Taittinger des Cordons-Bleus », avant de se lancer l’année suivante dans Masterchef.

« Je ne cours pas après les étoiles »

Armée de ses couteaux de cuisine, elle enchaîne après l’émission les expériences et les stages. Sous l’impulsion du chef Lionel Lévy, elle intègre la brigade de La Villa Khariessa à Martigues, puis celle d’Itinéraires de Sarah et Sylvain Sendra dans la capitale, ainsi que celle de La Maison Kaiseki aux côtés du Chef Hissa Takeushi. Elle saisit ensuite l’opportunité de racheter un atelier de cuisine à Marseille, avant d’ouvrir son premier restaurant, Chez Georgiana, toujours dans la cité phocéenne. Cette même année, elle remporte le Trophée Jeunes Talents et deux toques au Gault & Millau.

À la suite d’un différend entre les associés, le restaurant ferme une année plus tard. Georgiana Viou prend alors la tête de La Piscine, propriété du nageur Florent Manaudou, avant d’ouvrir Rouge, en 2021. La table de l’hôtel Chouleur à Nîmes parachève ainsi sa consécration : À 45 ans, la cheffe s’inscrit dans la légende de la gastronomie française en recevant son premier macaron michelin. « Je ne cours pas après les étoiles », assurait-elle pourtant au Midi Libre à l’ouverture de son établissement, loin d’imaginer que c’était l’étoile qui lui courrait après.

À voir également sur Le HuffPost :

Dans « Top Chef », la technique de cuisson de Miguel vaut le détour(nement)

Que cuisiner en mars avec les fruits et les légumes de saison ? Les recettes qu’il vous faut