Gaza: l'ONU appelle à "faire taire les armes" pour le début du ramadan

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à "faire taire les armes" à Gaza et à libérer les otages qui y sont retenus depuis le début de la guerre le 7 octobre, "pour faire honneur à l'esprit du ramadan".

Alors que le monde musulman entre dans le mois sacré du jeûne, de nombreux habitants du territoire palestinien ont été réveillés par des frappes israéliennes qui ont visé notamment les villes de Gaza, dans le nord, Khan Younès et Rafah, dans le sud.

Une offensive généralisée israélienne à Rafah "sonnerait le glas" des programmes d'aide humanitaire à Gaza, où l'assistance à une population en grande détresse reste "totalement insuffisante", a alerté ce lundi 11 mars le chef de l'ONU.

"Je me suis réveillé dans ma tente et j'ai commencé à pleurer sur notre sort. Soudain, j'ai entendu des explosions et des bombardements", a-t-il raconté. "L'occupation (israélienne) ne veut pas que nous ayons des moments de joie pour le ramadan. Nous n'avons pas de nourriture sur la table du dîner" pour la rupture du jeûne lundi soir, a-t-il ajouté.

Nouvel appel à un "cessez-le-feu"

L'offensive à grande échelle annoncée par les autorités israéliennes sur la ville au sud du territoire, "ne serait pas seulement terrifiante pour plus d'un million de civils palestiniens qui s'y abritent; elle sonnerait également le glas de nos programmes d'aide", a prévenu Antonio Guterres, à l'ouverture de la 55ème session du conseil des droits de l'homme à Genève.

Le Secrétaire général a souligné ce lundi que "rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël". "Et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien", a ajouté Antonio Guterres.

Au milieu d'une crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver, la principale agence d'aide des Nations Unies aux Palestiniens (UNRWA) a appelé à agir pour éviter une famine à grande échelle à Gaza.

À l'instar des responsables humanitaires, Antonio Guterres a souligné que "l'aide humanitaire est encore totalement insuffisante".

"Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages", a-t-il insisté.

Une agence de l'ONU sous le feu des critiques

L'UNRWA est accusée par Israël de "collusion" avec le Hamas et fait l'objet d'une campagne très virulente de la part des autorités israélienne et de ses alliés.

L'agence fait l'objet d'une évaluation demandée par Antonio Guterres et dont est chargée l'ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

L'ONU, comme d'autres ONG, estime qu'il n'y a pas d'alternative au rôle crucial que joue l'UNRWA pour l'aide humanitaire à Gaza.

Peu d'espoir de trêve

Les commentaires de Antonio Guterres interviennent après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré dimanche 10 mars que son pays lancera une offensive à grande échelle qui doit assurer une "victoire totale" d'Israël sur le mouvement islamiste Hamas, dont l'attaque sans précédent du 7 octobre a déclenché la guerre. Un éventuel cessez-le-feu, en cours de discussion à Doha, ne ferait que retarder quelque peu l'inévitable, a souligné le Premier ministre.

La guerre qui fait rage depuis plus de quatre mois a éclaté après l'attaque du Hamas en Israël qui a fait environ 1.160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte officiel de l'AFP.

Les militants du Hamas ont également pris environ 250 otages israéliens et étrangers, 130 sont encore détenus à Gaza, dont 31 présumés morts, selon Israël. La riposte militaire a tué près de 30.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza, dirigé par le Hamas.

Le Conseil de sécurité de l'ONU pointé du doigt

Antonio Guterres a déploré que, malgré ses appels urgents au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour "mettre fin à l'effusion de sang à Gaza et empêcher une escalade", celui-ci n'a pas agi.

En tant que l'un des cinq membres permanents du Conseil de 15 membres, les États-Unis - le principal allié d'Israël - disposent d'un veto qu'ils ont utilisé pour bloquer tout appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Antonio Guterres a mis en garde contre les conséquences de l'inaction du Conseil de sécurité sur Gaza, comme son échec, en raison du veto russe, à agir sur la guerre en Ukraine. Cette inaction "a gravement - peut-être fatalement - porté atteinte à son autorité", a-t-il averti. "Le Conseil a besoin d'une réforme sérieuse de sa composition et de ses méthodes de travail".

Article original publié sur BFMTV.com